« La mutualisation ne signifie pas la disparition de toutes les structures d’appui financiers et non financiers au secteur privé », a déclaré Habib Ndao, le Secrétaire exécutif de l’Observatoire de la Qualité des Services financiers (OQSF). C’était à l’occasion d’une rencontre d’échanges avec les membres du Collectif des Journalistes économiques du Sénégal (COJES). Que faut-il alors retenir de la déclaration du président de la République Macky Sall, qui pourtant a bien appelé en juillet de cette année à une mutualisation des structures d’appui.
Il faut dire, qu’il y a beaucoup de structures d’appui qui exercent pratiquement les mêmes missions et sont pratiquement érigées en Direction générale ou bien en Délégations. Si certaines parmi elles signent des accords de partenariats entre elles, sur le terrain, on ne constate aucun effet. Un Directeur général nous confiait que la structure qu’il dirige, n’avait désormais aucun intérêt à travailler avec une structure avec laquelle il avait signé une convention, parce que explique-t-il, la ressource dont il devait disposer, afin d’appuyer les porteurs de projets, n’était jamais au rendez-vous. Il y avait un blocage quelque part. Cela montre en vérité que cette synergie qui devait exister entre ces différentes structures, pour que la machine soit huilée n’est pas du tout au rendez-vous. La question se pose alors de savoir, pourquoi les bonnes intentions ne se concrétisent pas entre ces entités ? Certains vous répondront que, les bailleurs tardent à réagir. Ou bien le gouvernement n’a pas encore mis en place les crédits et parfois ces crédits sont insuffisants. Il y en a d’autres qui soutiennent que, chacun veut toujours avoir une parcelle de pouvoir et d’autres, que tel directeur à des ambitions cachées. Les plus « réalistes » vous diront, qu’ils sont ouverts à toutes les perspectives, notamment à un regroupement autour d’une même et unique structure laquelle pourra toutes les réunir. Les difficultés sont donc de plusieurs ordres. Toutefois cette déclaration d’un patron d’une de ces structures aura retenu notre attention : « Gérer un département dans cette holding ne me dérange pas, si c’est pour plus d’efficacité et d’efficience », car en fin de compte, il s’agit de cela : être plus efficace et plus efficient. C’est tout ce que requiert la compétition au niveau international.
Les personnes qui trônent à la tête de ces structures perçoivent des salaires au-dessus de la moyenne, de même que leur personnel cadre. Il s’y ajoute que leur budget de fonctionnement, dépasse dès lors largement, celui des autres structures publiques qui mieux organisées, avec moins de lourdeurs auraient pu être plus efficaces.
L’absence d’une volonté clairement affichée
La Banque Nationale de Développement économique (BNDE) a beau vouloir financer les petites et moyennes entreprises, mais elle ne pourra jamais satisfaire toute la demande. La BNDE ne dispose pas de ressources conséquentes, surtout de ressources longues, dont disposent justement une structure comme la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). C’est le même cas de figure avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP). Il s’agit là, d’un outil fondamental dans le dispositif d’appui aux entreprises parce qu’elle apporte l’élément déterminant : la garantie. Le FONGIP n’a pas véritablement joué son rôle jusqu’à présent. Maintenant qu’il est dirigé par une personnalité, qui n’est pas issue du monde de la finance et de la gestion, la situation ne risque-t-elle pas de s’empirer. Seul le FONSIS avec ses actions parvient tant bien que mal à jouer sa partition.
Au niveau des structures d’appui techniques, même les rencontres de partage de documents réalisés en commun, sur certaines problématiques liées à l’entreprenariat, ne permettent pas une synergie d’actions et de convergence entre les autorités en charge du management. Cela montre bien, combien chaque autorité veut conserver une marge de manœuvre et avoir une certaine autonomie dans sa gestion. Il est important que le président de la République, aille au bout de sa logique de rationaliser les ressources, et porter sur les fonts baptismaux cette structure unique d’appui aux entreprises. Le blocage issu de l’appartenance à des tutelles différentes, pourra être réglée avec la mise sous tutelle de cette structure, dans un seul et même ministère, ou bien en l’absence de primature, à la présidence de la république. La réflexion est salutaire, il reste seulement une volonté politique affichée et une bonne harmonie pour permettre au secteur privé dans sa globalité de bénéficier pleinement de l’appui technique et financier d’un Etat, qui faut-il le rappeler ambitionne d’avoir un secteur privé fort.