La région UEMOA fait preuve d’une forte résilience et les politiques menées permettent le rebond des économies. Tel est le constat du FMI dans une note qui dresse un tableau plutôt flatteur des économies d’Afrique de l’Ouest.
Un satisfecit pour les pays d’Afrique de l’Ouest, celui délivré par le Fonds monétaire international. Selon l’organisme de Washington, la croissance devrait s’accélérer cette année, principalement sous l’effet d’un rebond des exportations nettes.
Bien sûr, d’importants risques à la baisse pèsent sur les perspectives économiques, notamment la possibilité d’une nouvelle détérioration de la situation en matière de sécurité et l’incertitude politique.
Sans oublier les répercussions de la guerre en Europe de l’Est, notamment sur les prix des matières premières.
Quoi qu’il en soit, l’année 2022 sera celle de l’assainissement budgétaire ; progressivement, la zone devrait ramener le déficit budgétaire régional vers 3 % du PIB, à horizon 2024.
En dépit de sa résilience face à la pandémie, la région a été durement touchée par le variant Omicron, tandis que les risques sécuritaires continuent d’augmenter dans certains pays.
Malgré ces « vents contraires », comme les qualifie le FMI, le rebond économique amorcé au second semestre 2020 s’est raffermi en 2021, tandis que les politiques budgétaire et monétaire sont restées favorables.
Les réserves extérieures ont atteint des niveaux confortables et le système financier semble globalement sain. L’inflation dépasse le plafond de 3 % de la fourchette cible de la BCEAO (Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest) depuis avril 2021, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires intérieures et importées.
La croissance devrait encore s’accélérer pour atteindre environ 6 % en 2022, principalement grâce à un rebond des exportations nettes et l’inflation devrait revenir dans la fourchette cible de la BCEAO, d’ici à la fin de l’année. Sauf nouveaux « vents contraires ».
Il existe cependant d’importants risques à la baisse pour les perspectives, en particulier compte tenu des progrès lents et inégaux de la vaccination, de la possibilité d’une nouvelle détérioration de la sécurité les risques et l’incertitude politique, et du resserrement probable des conditions financières mondiales.
Une politique monétaire appropriée
Au cours de leur visite auprès des institutions ouest-africaines, les administrateurs du FMI ont fait le point sur les atouts et les risques de la zone, tels que nous venons de le résumer. Selon eux les efforts fournis sont « cruciaux » ; ils visent à assurer la durabilité macroéconomique, tout en limitant les cicatrices et en soutenant la reprise.
Ils considèrent que le retour au plafond du déficit budgétaire global de 3 % du PIB, à moyen terme, est « essentiel pour maintenir un niveau adéquat de réserves extérieures, limiter le risque de pressions sur les marchés financiers régionaux et assurer la viabilité de la dette ».
Ils appellent au rétablissement du pacte de convergence des économies de la zone, forcément mis à mal par l’urgence sanitaire, en 2020 et 2021. Sachant que tout ajustement budgétaire doit favoriser une reprise inclusive.
Le FMI ne serait pas ce qu’il est sans la recommandation de « réformes » ou de mesures qu’il juge adéquates. Ainsi, les administrateurs recommandent-ils aux gouvernements africains de faciliter des augmentations de revenus, de sécuriser les dépenses sociales et d’infrastructure prioritaires et de donner la priorité au déploiement des vaccins.
Gare à l’inflation
La BCEAO a adopté une politique monétaire « accommodante », en baissant les taux directeurs et permettant ainsi l’émission de monnaie. Le Fonds juge cette politique « appropriée ».
Toutefois, il demande à la BCEAO de « se tenir prête à resserrer sa politique monétaire en cas d’affaiblissement de la position extérieure ou si les pressions inflationnistes persistent ». En effet, le pari des Banques centrales, ces derniers mois, était de considérer l’inflation comme passagère. La crise en Europe, entre autres éléments, pourrait changer la donne.
Concertant la BCEAO, les administrateurs ont salué « les efforts continus de la Banque centrale pour moderniser ses cadres de politique et de gouvernance », saluant les réformes financières en cours.
Néanmoins, il leur semble nécessaire de réduire la forte dépendance de certaines banques au refinancement de la Banque centrale et de remédier aux fragilités structurelles du secteur des institutions de microfinance.
Enfin, pour accompagner le rebond des économies, il faudra prendre des mesures énergiques aux niveaux régional et national pour stimuler la croissance de la productivité et stimuler l’investissement privé, conclut l’institution.
Le Magazine de l’Afrique