6ème Edition des rencontres UE-UA: Un plan d’investissements sans précédent pour l’Afrique

Une enveloppe de 150 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2027. C’est l’engagement que l’Union Européenne (UE) a pris à l’endroit des pays africains membres de l’Union africaine (UA), lors de la 6ème édition des rencontres Ue/ Ua. Une très belle offre pour une Afrique courtisée de toute part.

Dans le lot des pays en course pour exploiter les niches en Afrique, il y a les partenaires occidentaux, parmi eux, les anciens colonisateurs, les Etats-Unis et les autres, notamment  la Chine, l’Inde, la Turquie et les Russes. Sur cette pléiade de pays qui ambitionnent de tirer profit des potentialités africaine,  Il y a ceux qui ont le ‘’droit de faire des affaires avec le continent africain’’, car jouissant d’une légitimité historique et respectant les droits humains, en l’occurrence les Occidentaux. En parallèle, on retrouve  un autre groupe composé de la Chine, de la Turquie et de la redoutable Russie. Ces pays sont catalogués peu regardants sur les questions relatives à la démocratie et les droits de l’homme.

Maintenant, pour les Occidentaux en général et les Européens en particuliers, il faut choisir ceux-là qui sont fréquentables, fiables et fidèles et fermer  la porte aux autres. Ils veulent carrément dicter à l’Afrique l’attitude à adopter face à des pays qui ont incontestablement réalisé de bons résultats au niveau de leur coopération avec les pays africains.

150 milliards d’euros pour reléguer les concurrents

Un petit retour en arrière permet de comprendre que les pays africains ont intérêt à nouer des partenariats, dans lesquels, ils trouvent leurs intérêts. En effet, depuis combien de temps, il a été demandé aux pays européens de consacrer 0,7% de leur revenu national  à l’aide publique au développement en faveur des pays comme ceux du continent  africain. Seuls quelques rares pays scandinaves ont respecté cette directive onusienne. Même la France donneuse de leçons figure dans le lot de ces pays, qui trainent les pieds et cela depuis 2005. Alors, pourquoi doit-on croire maintenant, que l’Europe fera pleuvoir des milliards d’euros sur le continent, pour les beaux yeux des Africains seulement. Récemment avec les droits de tirage spéciaux, aucun pays européen n’a manifesté son désir de participer à faire monter la part,  dont le continent aurait besoin pour faire face aux effets néfastes de la pandémie. Cette subite générosité n’est-elle pas liée à cette fulgurante implantation des autres puissances sur le continent noir ? Il faut bien analyser et cerner cette  démarche de séduction par l’argent, que l’Europe à la tête de laquelle se trouve Emmanuel Macron, président d’une France en perte de vitesse en Afrique est en train de dérouler. Car il faut le dire, aujourd’hui l’Europe est bousculée par ces pays dit infréquentables, et il y a aussi la ZLECAf (zone de libre-échange continentale africaine). Si cette zone de libre-échange concrétise les résultats escomptés, il sera difficile à toute puissance étrangère de définir les règles du jeu sur le continent.

Le plan  des Européens n’est pas clair. Et les dirigeants africains doivent appliquer l’assertion selon laquelle,  les pays n’ont pas d’amis mais des intérêts à défendre et au-delà développer une grande solidarité entre eux.

Diversifier le lot de partenaires

Si un pays comme le Sénégal a pu en un laps de temps se doter d’infrastructures modernes, de dernière génération, c’est parce qu’il a eu recours à la stratégie de diversification de ses partenaires. Il ne s’adresse plus seulement aux Européens et à la France. Le Sénégal a ouvert ses portes à plusieurs pays, dont la Chine et la Turquie, mais aussi à la coopération avec des pays africains comme le Royaume du Maroc. Cette stratégie a démarré avec Abdoulaye Wade et Macky Sall est en train de la poursuivre de manière intelligente, malgré sa proximité avec les autorités françaises. Si  le Sénégal est en train de changer de visage sur le plan infrastructurel, il le doit en grande partie à ce choix stratégique consistant à coopérer avec tout pays, qui peut lui permettre d’atteindre ses objectifs en matière d’infrastructures.

La France a réalisé le projet Train express régional, mais c’est la Turquie par le biais du groupe SUMMA qui a réalisé le Stade du Sénégal ou Stade Abdoulaye Wade. Ce beau bijou inauguré en grande pompe, le 22 février 2022,  en présence de Recep Tayip Erdogan.

Même si les Européens demeurent encore les premiers partenaires du Sénégal, la Turquie  réclame  540 millions de dollars d’investissements au Sénégal, en 2021. Elle  aide le Sénégal à se mettre à niveau. Sur le plan des infrastructures sportives, elle a construit  deux stades ultra modernes, l’un pour le basket et l’autre pour le football, dans des délais records, en parfaite adéquation avec la méthode fast tract adoptée par le gouvernement. Les Turcs  ne vont certainement pas en rester là puisque, le président, Racep Tayyib Erdogan souhaite faire monter le montant des investissements turc au Sénégal à plus d’un milliard de dollars pour les années à venir.

La Chine est dans la même dynamique. Elle a beaucoup contribué à la modernisation du parc de transport et au renforcement de l’infrastructure routière du Sénégal avec le second tronçon de l’autoroute à péage. Bien sûr tout cela a un prix. C’est au Sénégal et les autres pays africains  de bien négocier pour trouver la meilleure formule pour moderniser leurs pays et améliorer les conditions de vie des populations. Dans cette dynamique, aucun partenaire ne doit être exclu. Il faut juste regarder ce qu’il peut apporter comme contribution à l’atteinte de cet objectif.