L’écosystème de la Tech africaine a levé 5,2 milliards de dollars en fonds propres, 6 milliards $ en incluant la dette. Quelques grandes opérations, comme celles menées par Wave Sénégal, crédibilisent un peu plus la destination Afrique pour les capitaux. L’Afrique du Nord enregistre une forte croissance, selon Partech Africa.
En 2021, dans un contexte de croissance mondiale du financement en capital-risque, la tech africaine a progressé plus rapidement que partout ailleurs dans le monde. En effet, le rapport annuel de Partech Africa sur le financement en capital-risque des start-up africaine relate deux fois plus d’activité que l’année précédente et plus de trois fois plus de montants investis.
En 2021, 681 levées en fonds propres ont rapporté un total de 5,2 milliards de dollars. Si l’on inclut la dette, ce total atteint 6 milliards $ en 724 levées. « Ce nouveau record reflète un écosystème très actif, où près de trois transactions en moyenne sont conclues par semaine », relève le rapport.
Le nombre de transactions a presque doublé (+92%), à comparer avec un taux de croissance annuel moyen de 45%, sur six ans.
Ce record s’explique essentiellement par le niveau de financement spectaculaire des méga opérations, supérieures à 100 millions $ en fonds propres. Avant 2021, l’Afrique n’en avait enregistré que huit. Sur la seule année écoulée, elle en a connu quatorze ! Elles sont le fait de douze entreprises, pour un total de 2,47 milliards $.
Alors qu’en 2020, la taille moyenne des opérations avait diminué, elle a augmenté sensiblement l’année suivante. Les investissements d’amorçage et de série A ou B (premiers stades de développement) ont progressé, tandis que les opérations d’entreprises en phase de croissance ont connu « une inflation exceptionnelle ».
PartechAfrica relève l’essor d’une nouvelle classe d’actifs : le financement par la dette. En effet, 37 start-up technologiques africaines ont levé un total de 767 millions $ en 43 tours de financement.
À mesure que les jeunes entreprises se développent et acquièrent une plus grande prévisibilité, le financement par emprunt devient un biais utile qui permet d’accélérer la croissance, tout en limitant la dilution du capital.
L’an passé marque une véritable tendance en ce sens avec la création de fonds de dette dédiés aux marchés émergents, en particulier en Afrique. Les start-up nigérianes ont levé près de la moitié du montant total de la dette (345 millions $), prenant 45% du total de la dette levée.
L’Afrique du Nord montre ses muscles
D’ailleurs, le Nigeria reste le leader incontesté de l’écosystème tech africaine, avec une avance tant sur le montant du financement que sur le nombre de levées de fonds en fonds propres. L’Égypte, l’Afrique du Sud et le Kenya suivent, tandis que le top 5 est complété par le Sénégal, qui atteint ce niveau pour la première fois.
Avec 353 millions $ levés, le Sénégal est talonné par le Ghana, à 167 millions $. Ces deux pays sont désormais les principaux outsiders qui cherchent à rattraper le quatuor de tête, juge Partech Africa. Qui relève que l’Afrique francophone a enregistré une accélération 2,6 fois plus rapide que le reste du continent.
Le Sénégal doit son classement à sa première licorne, Wave. Et n’est que le troisième pays d’Afrique à avoir produit une entreprise de plus de 1 milliard $, après le Nigeria et l’Égypte. Le succès de Wave Sénégal a d’ailleurs joué un rôle déterminant dans l’intérêt nouveau pour l’Afrique francophone, poursuit Partech Africa.
L’Afrique compte donc cinq nouvelles « licornes » : Flutterwave, Opay, Wave, Andela et Chipper Cash. De son côté, l’Afrique du Nord semble prête à « montrer ses muscles ». Le Maroc ouvre la voie, suivi par la Tunisie et l’Algérie. La région a levé 108,8 millions $ dans 31 transactions.
Autre tendance, la Fintech n’a représenté que 32 % des transactions, mais une grande majorité (63 %) des financements. La numérisation des secteurs fondamentaux de l’économie (commerce, éducation, énergie, santé, logistique) a permis à chacun de ces secteurs de franchir la barre des 200 millions $.
À noter que les start-up fondées par des femmes ont levé 20 % de tous les tours de table en 2021, contre 13 % en 2020. Tandis que l’écosystème tech africain a attiré deux fois plus d’investisseurs en 2021 avec 891 opérateurs.
« Il est difficile de ne pas se sentir enthousiaste », commentent les auteurs du rapport en son introduction. « Un écosystème en pleine expansion, celui du capital-risque autour de la technologie africaine, pose de nouveaux jalons chaque jour. » De plus en plus d’équipes sont en mesure de tester des concepts, de valider des modèles et de construire une infrastructure évolutive, travaillant à créer de nouveaux champions africains.
« Tout cela soulève une nouvelle vague de questions autour de la valeur créée avec ce capital, les rendements réels pour les investisseurs et les fondateurs, l’impact sur les économies locales », reconnaissent les statisticiens. Qui laissent à d’autres le soin de débattre de ces questions.
Le Magazine de l’Afrique