Le marché du fret continue de souffrir de manque de capacités, de taux de fret élevés, d’une pénurie d’équipement, jugent les dirigeants de Bolloré Technologies. Selon qui le marché restera probablement sous pression pendant la majeure partie de 2022.
« Le chaos épique de la Supply chain est loin d’être terminé », prévient Bolloré Logistics dans une note interne publiée sur son site. Tandis que le coût du fret reste élevé, le manque de capacités devient criant dans certaines zones géographiques, ainsi que le manque d’équipement. De plus, la situation pandémique redevient incertaine.
Le seul point positif de cette pandémie est probablement la forte demande mondiale, mais à quoi sert-elle, tandis que les contraintes de la chaîne d’approvisionnement continuent d’encombrer la production industrielle ?
D’ailleurs, le FMI avait légèrement ajusté à la baisse ses prévisions de rebond de la croissance mondiale en 2021, précisément en raison des ruptures d’approvisionnement dans les économies avancées.
Tandis que le variant Omicron se propage rapidement, « la croissance de 4,9% prévue pour 2022 est-elle toujours réalisable ? », s’interroge-t-on du côté de Bolloré.
Certaines liaisons aériennes sont ralenties, par exemple entre l’Europe et l’Afrique du Sud, des compagnies aériennes continuent de convertir les vols de passagers en vols cargo. Tel est le cas d’Emirates Airlines qui devrait transformer quatre avions de passagers de type Boeing 777-300 en avions-cargos complets, avec une première livraison prévue d’ici la fin 2023.
Le fait que Boeing mette officiellement fin à la production de l’avion-cargo 747 – l’avion de choix pour le fret aérien –, pourrait probablement avoir une incidence sur la commande de nouveaux avions-cargos par les compagnies aériennes. Ces dernières peuvent avoir à choisir entre le cargo Boeing 777 ou le cargo Airbus 350, qui ont tous les deux des limitations en matière de poids, de charge utile et de volume de cargaison.
« Avec une forte demande et une capacité insuffisante, les taux de fret aérien resteront élevés, comme cela a été le cas depuis très longtemps et les transporteurs aériens continueront de profiter de ce déséquilibre offre-demande », considère Claude Picciotto, directeur des achats de fret aérien de Bolloré Logistics.
Anne-Sophie Fribourg, directrice du Développement commercial Océan de Bolloré Logistics, ajoute que les taux de fret élevés sont désormais la norme dans le fret maritime. Cette situation va probablement perdurer pendant le Nouvel an chinois, de même que le déséquilibre entre l’offre et la demande.
Afin d’atténuer la pénurie des capacités, certains transporteurs maritimes ont injecté des capacités supplémentaires sur le marché, +7 % pour CMA CGM et +1% pour Maersk, par exemple.
Cependant, juge-t-on chez Bolloré, cet effort est « contre-productif » dans la mesure où davantage de capacité nécessite la mobilisation de plus d’équipements, lesquels s’empilent dans les ports de fret en raison d’une forte congestion.
Si celle-ci augmente dans les ports du monde entier, les navires attendent plus longtemps pour accoster, ce qui entraîne d’énormes arriérés de conteneurs et entrave la rotation des navires. Cette situation affecte principalement l’Asie.
Un autre développement potentiel dans le fret maritime est l’évolution des connexions portuaires. Les transporteurs réduiront certains services reliant plusieurs régions dans le but de ramener les navires aux traversées programmées et de retrouver une bonne qualité de service, juge Anne-Sophie Fribourg.
Malgré cette situation, les transporteurs maritimes élaborent des stratégies en investissant davantage dans des solutions de chaîne d’approvisionnement de bout en bout.
Selon les spécialistes de Bolloré Logistics, la situation dans l’industrie ne s’améliorera probablement pas avant fin 2022. De son côté, le groupe continuera à rechercher et à proposer des solutions alternatives telles que le transport intermodal, les charters et la signature de contrats à long terme avec ses partenaires.
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