Cheikh Moussa Kane, Directeur de l’Observatoire économique de la CCIAD « La formation en éducation financière de même que la formation sur la réglementation commerciale sous régionale. Voilà pour nous les deux recommandations les plus fortes ».

En marge de l’atelier de restitution et de validation des résultats de l’enquête sur les Besoins prioritaires des commerçants transfrontalier, tenu le 15 octobre 2021, à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD), Challenges Economiques a donné la parole à Cheikh Moussa Kane, Directeur de l’Observatoire Economique de la CCIAD, maître d’œuvre de l’enquête pour qu’il revienne sur la méthodologie utilisée, les résultats de l’enquête et les recommandations qui ont été formulées.

Quelle est la méthodologie qui a été utilisée pour réaliser cette enquête ?

Il faut tout d’abord préciser que le rapport est une étude qui porte sur le commerce transfrontalier au niveau de la CEDEAO. Tous les pays de l’espace régional, à l’instar du Sénégal ont déjà produit leur rapport. Il y a des ateliers de restitution qui se sont tenus et d’autres sont en perspective. Pour ce qui est  maintenant de la  méthodologie, on peut la considérer comme étant croisée.

Il faut dire que dans un premier temps, les membres des différentes associations considérées comme étant les plus représentatives, dans le domaine du transport transfrontalier ont été retenues. Les membres de ces associations ont été ensuite interrogés, sur la base des services qui sont fournis par les organisations, en d’autres termes, sur les besoins d’accompagnement. Il y a eu un autre volet, lequel a  concerné les responsables de ces différentes organisations, au nombre de six (6), qui ont été  également interrogés.

Quels sont les résultats obtenus dans cette enquête ?

Concernant les résultats des enquêtes, pour les membres des associations, nous nous sommes rendus compte que ce qui a été le plus déterminant : c’est la méconnaissance de la réglementation liée au commerce transfrontalier. Aujourd’hui, au cours de l’atelier de restitution, ce qui a été dit sur les tracasseries, confirme que c’est un besoin pressent. Et, d’autre part également, au niveau de la Chambre de Commerce, à travers l’Observatoire des Pratiques anormales (OPA), nous sommes en contact direct avec les transporteurs et les commerçants. Mais, c’est une question qui revient très souvent au niveau de la frontière. Nous sommes saisis souvent pour ces genres de requête, pour vous  dire que c’est un déficit qui est là.

L’autre point concerne les emballages. Sur ce volet, c’est selon le sous-secteur d’activités que les  difficultés ont été soulevées. Ceux qui sont dans le domaine des céréales ont des difficultés de même que ceux qui sont dans les produits halieutiques. Cela est aussi lié aux tracasseries. La qualité de l’emballage est endommagée par le temps et les conditions dans lesquelles le voyage a été effectué. Il faut dire, par ailleurs, que pour la composition  de l’échantillon, on se retrouve avec  56% de femmes et 44% d’hommes. Il ressort que 89% des personnes interrogées, ont indiqué que les femmes ne sont pas prises en compte dans ces programmes. C’est-à-dire qu’elles ne profitent pas autant que les hommes des programmes qui sont déroulés. Cela démontre qu’il doit y avoir une attention particulière dans la façon de prendre en charge les préoccupations des femmes.

Pour ce qui est des responsables, il y a un élément très frappant. Les responsables ont évoqué des besoins en information commerciale. Ils ont besoin d’informations commerciale, stratégique et opérationnelle, en vue de mieux prendre en compte les préoccupations de ceux qu’ils dirigent. Pour ce qui est des autres points (Emballages, questions financières) pratiquement les observations et les tendances se valent, que ce soit auprès des membres qu’auprès des responsables.

Quelles sont les recommandations qui ont été formulées ?

Les recommandations, c’est beaucoup plus au niveau de la prise en charge de la gestion des femmes, notamment en termes d’accompagnement sur l’emballage, lequel est un problème très récurrent. La formation en éducation financière de même que la formation sur la réglementation commerciale sous-régionale. Voilà pour nous les deux recommandations les plus fortes.

La seconde phase sera d’après le programme, si effectivement ces résultats sont concluants, sur l’ensemble de l’espace CEDEAO, l’organisation de sessions de renforcement de capacités en fonction des besoins qui ont été exprimés.