Abdoulaye Daouda Diallo et Stanislas Zézé, le patron de Bloomfield, lors de la présentation du rapport
En attendant la production de ses premiers barils de pétrole, le Sénégal doit encore faire appel aux marchés financiers, pour financer son déficit. Le gouvernement utilise ainsi toutes les solutions à sa portée pour rassurer les investisseurs, afin de les inciter à faire confiance au Sénégal. Le recours à la notation fait partie de ces solutions. Elle peut être en devises, et depuis quelques années en monnaies locales. La notation est le fait d’Agences de notation dont les plus célèbres sont Standards and Poors, Moody’s, Fitch etc.
La notation correspond à la capacité de remboursement de l’État, en fonction de ses engagements, envers ses créanciers. La note porte en général sur la politique budgétaire, la politique monétaire (dans la sous-région Afrique de l’ouest, elle est du ressort de la BCEAO) et la situation économique.
Depuis quelques années, on assiste aussi à l’implantation d’Agences de notation financières africaines. Il y a d’abord eu l’Agence WARA (West African ratings agency) et aujourd’hui, il y a Bloomfield investment, l’Agence qui a noté le Sénégal pour sa dette en monnaie locale, elle est basée à Abidjan, la capitale ivoirienne.
Bloomfield a attribué au Sénégal la note d’investissement à long terme A- Risque faible, avec une perspective stable, selon le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo. « Nos perspectives sont encourageantes s’est réjouis » le ministre des Finances et du budget, lors de la présentation du rapport de la première notation du Sénégal, en monnaie locale. Il faut cependant, noter que « cette capacité peut être influencée par des conditions économiques défavorables ». A court terme, Bloomfield a attribué la note d’investissement A2, avec une perspective stable. Ici il faut relever « le niveau de risque de crédit bas ». Par ailleurs, il faut souligner que les Agences de notation financières, sont davantage en désaccord sur l’évaluation des risques des obligations en monnaies locales.
Pourquoi recourir à la notation en monnaie locale
Afin de réduire la dépendance envers les entrées de capitaux étrangers, de nombreux gouvernements développent depuis quelques années un marché obligataire dans leur propre monnaie. C’est en ce moment le cas en Afrique de l’ouest. Du fait de l’essor rapide de ce second segment, les emprunteurs souverains sont maintenant pratiquement aussi nombreux, à être notés sur leur dette en monnaie nationale, qu’en devises, selon une étude que nous avons visitée. Le Sénégal est en Afrique de l’Ouest le troisième pays à être noté, après la Côte d’Ivoire et le Bénin. Avec la dette en monnaie locale, la différence se justifie habituellement, selon cette étude par l’aptitude des États à taxer les avoirs en monnaie nationale et à décider de leur affectation, ce qui semble souvent moins le cas pour ceux en devises. En outre, « alors que l’emprunteur souverain doit se procurer des devises pour rembourser les dettes ainsi contractées, il peut recourir à la création monétaire pour honorer les engagements dans sa propre monnaie ».