Une reprise économique et commerciale durable n’est possible qu’avec une politique garantissant un accès mondial et rapide aux vaccins. Selon la DG de l’OMC qui s’exprimait le 22 septembre, lors du Sommet mondial virtuel sur la COVID-19 organisé par la Maison Blanche, “Nous avons le choix, soit nous convergeons vers le bas en permettant que le virus nous entraîne tous dans une rechute, soit nous convergeons vers le haut en vaccinant le monde entier ».
Vacciner la population du monde entier est un impératif moral, pratique et économique, estime la DG de l’OMC. Selon elle, la reprise économique actuelle en forme de K ne peut pas durer. Pour le moment, les économies disposant d’un grand nombre de vaccins et d’une importante force de frappe budgétaire et monétaire, c’est-à-dire principalement les pays riches et quelques marchés émergents, connaissent un fort rebond, décrit-elle. Mais d’autres pays sont laissés pour compte. Après avoir reculé pendant des décennies, la pauvreté extrême est en augmentation, indique Ngozi Okonjo-Iweala. Citant le FMI, elle souligne que les économies avancées auront une croissance de 5,6 % cette année, contre seulement 3,9% pour les pays en développement à faible revenu. En outre, selon les prévisions de l’OMC, le commerce suit une tendance analogue: l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe sont en passe d’enregistrer une croissance du commerce plus forte que celle de l’Afrique et de l’Amérique latine, assène la DG de l’OMC dans son discours. Ainsi, elle est que « nous avons le choix, soit nous convergeons vers le bas en permettant que le virus nous entraîne tous dans une rechute, soit nous convergeons vers le haut en vaccinant le monde entier ».
Par ailleurs, elle annonce que l’OMC, l’OMS, le FMI et la BM collaborent pour mettre en œuvre les constatations du rapport du FMI qui montre qu’un investissement initial de 50 milliards de $ pour vacciner 40% de la population mondiale pour la fin de cette année, permettra d’atteindre au moins 60% pour le premier semestre de 2022, et ferait augmenter de 9.000 milliards de $ la production économique mondiale d’ici à 2025. Avec mes homologues des trois autres organisations internationales, nous avons créé un groupe de travail pour mener à bien ce plan, ce qui implique de faire appel aux gouvernements, à la société civile et au secteur privé, informe la DG de l’OMC. Pour elle, « C’est uniquement par le biais de ces efforts de collaboration que nous pourrons réussir».
Faciliter les intrants de l’industrie pharmaceutique
Selon Ngozi Okonjo-Iweala, l’industrie pharmaceutique a un rôle clé à jouer, et l’OMC travaille avec chacun des principaux fabricants de vaccins contre la COVID-19 du monde entier, pour mieux comprendre les difficultés qui empêchent la production d’augmenter. Elle indexe les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, par exemple les restrictions et prohibitions à l’exportation, les lourdeurs administratives et les pénuries d’intrants, qui constituent de réels obstacles à la production. La DG de l’OMC soutient que la politique en matière de vaccins va de pair avec la politique commerciale, et cite en exemple, la fabrication des vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna, qui nécessite des intrants provenant de 19 pays, ce qui signifie que le commerce est essentiel pour acheminer les intrants au-delà des frontières. D’après elle, l’OMC travaille avec ses membres pour faire en sorte que les produits essentiels continuent de circuler, en facilitant les échanges, en réduisant les restrictions à l’exportation, ainsi qu’en remédiant les goulets d’étranglement au niveau de l’offre et aux obstacles réglementaires. Elle pense aussi qu’il faut décentraliser la production vers les marchés émergents et les pays en développement. Comment un continent comme l’Afrique peut-il demeurer si vulnérable, vu qu’il importe 99% de ses vaccins et 90% de ses produits pharmaceutiques, interroge la DG de l’OMC. De l’avis de cette dernière, « une reprise économique et commerciale durable ne sera possible, que lorsque nous aurons trouvé la bonne politique en matière de vaccins. Et nous ne pouvons pas trouver la bonne politique en matière de vaccins, si nous ne coopérons pas pour veiller à ce que le système commercial multilatéral soit stable, prévisible et équitable».
Moustapha DIA