DOING BUSINESS MORT L’APIX, repères brouillés

Mountaga Sy , actuel Dg de l’Apix

Le Doing Business est mort. L’instrument de la Banque mondiale lancé en 2002 a été de cette date à nos jours, « l’Alpha » et « l’Oméga » de l’Agence de promotion des investissements (APIX). Du premier Dg de l’APIX Aminata Niane à l’actuel occupant Mountaga Sy, Doing Business est resté le principal indicateur de toute la politique de modernisation de l’Administration et de la promotion des investissements du Sénégal. Doing Business mort, l’APIX est sevré de son principal instrument d’orientation. Repères brouillés, mais le consultant Mbaye Khouma Sylla estime que l’APIX doit désormais se baser sur le Rapport de compétitivité mondiale plus complet que le Doing Business

Comme un élève qui scrute le résultat final du Bac, à chaque annonce d’un succès, la jubilation s’en suivait. Le rapport annuel du Doing Business est scruté fiévreusement du côté de l’APIX comme un moment de bilan à présenter auprès des autorités supérieures, des partenaires techniques financiers et de développement mais surtout des investisseurs potentiels. Du premier DG Aminata Niane à l’actuel Mountaga Sy, toutes les stratégies de l’amélioration du climat des affaires cherchaient qu’un seul but, bien figurer dans le classement annuel du Doing Business de la Banque mondiale. On s’époumonait gravement à travers des rencontres, ateliers, séminaires pour pointer du doigt tous les obstacles pouvant altérer le classement du Sénégal. L’APIX ne donnait encore l’impression que de travailler pour faire bonne figure au niveau du Doing Business. L’Agence finira par lancer 8 réformes importantes (1-l’accès au crédit à travers le financement à moindre coût des agents économiques, 2-l’Exécution des contrats par le jugement des contentieux économiques en 90 jours, 3-Protection des investisseurs minoritaires pour plus de transparence et une meilleure gouvernance, 4-Transfert de propriété, 5-Raccordement à l’électricité, 6-Paiement des taxes et impôts, 7-Permis de construction, 8-Commerce transfrontalier. Cette batterie de réformes avait été sanctionnée positivement par le dernier rapport publié en 2019 avait permis au Sénégal de marquer de bons points dans le classement général du Doing business. En effet, notre pays avait obtenu 59,8 points dans la notation de la Banque mondiale sur la qualité du climat des affaires pour la période 2018/2019. Classé 123e dans le rapport Doing business 2020 rendu public ce 24 octobre 2019, le Sénégal fait un bond qualitatif de 18 places.

S’orienter vers le rapport de compétitivité

L’arrêt définitif du rapport Doing Business décidé par la Banque mondiale fait suite à des manipulations de conclusions des éditions 2018 et 2019. Certains pays comme la Chine, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et l’Azerbaïdjan avaient mis de la pression chez les auteurs du rapport pour enjoliver leur situation. Plusieurs anciens hauts cadres, dont l’actuelle patronne du FMI Kristalina Georgevia alors Directeur exécutive de la Banque mondiale sont impliqués dans ce qui est considéré comme un vrai scandale. « L’APIX est contraint de changer de fusil d’épaule. Le Doing Business est un leurre, c’est quelque chose qu’on vous fait suivre, c’est comme la proie et l’ombre » souligne Mbaye Khouma Sylla ancien directeur Marketing de l’APIX.  Le Consultant Sénior en promotion du secteur privé et développement économique ajoute que « les critères avancés dans le Doing Business sont importants, mais ils ne sont pas déterminants. C’est important de faciliter, mais il est beaucoup plus important que votre pays ne soit pas un pays cher. Si vous prenez notre pays, l’électricité industrielle pour les usines, elle est treize fois plus élevée au Sénégal qu’en Côte d’Ivoire, huit fois plus élevée en Ethiopie. Même si vous faites rapidement un branchement électrique, l’investisseur ne gère pas cela parce que l’électricité est dans les couts de facteurs de production. Elle rend sa marchandise chère et pas bon marché. L’APIX doit s’orienter vers le rapport de compétitivité. Le Doing Business a pris un coup de crédibilité avec cette histoire. L’APIX est obligée dans son champ d’amélioration du climat des affaires de sortir totalement de ce que leur disait de faire Doing Business et de se rapprocher beaucoup plus du Rapport sur la compétitivité où le Sénégal est 114ème. On n’est pas si mal placé par rapport à certains pays, mais on est quand même très loin. Le Rwanda un pays enclavé est classé 100ème et que nous dans la compétitivité qu’on soit moins compétitif que le Rwanda, cela pose un problème ».

(Témoin quotidien)

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