Le patron de Ecobank Sénégal a accepté de s’entretenir avec Challenges Economiques sur le nouveau programme « Ellever » que son groupe bancaire a dédié à la femme entrepreneure dans 33 pays africains. Sahid Yallou est revenu également dans l’entretien sur le comportement de sa banque au cours de cette pandémie de la Covid 19.
Monsieur le Directeur général qu’est-ce que le programme « Ellever » va concrètement apporter aux femmes entrepreneures ?
On a voulu spécialement dédier « Ellever » à l’entreprise qui se bat pour la femme et spécifiquement pour la femme entrepreneure. « Ellever », c’est deux composantes : une composante financière et une composante accompagnement non financier.
Un accompagnement non financier dans le sens où, tout ce qui concourt à l’épanouissement et au développement d’une entreprise n’est pas lié au manque de financement. Il y a des besoins d’accompagnement en termes de management, de formation dans le développement de plans d’affaires, de formation pour l’accès au marché, de normalisation (pour pouvoir être admissible à un certain nombre d’appels d’offres). Donc, c’est tout cela que nous voulons mettre en synergie, pour amener une proposition de valeur à la femme entrepreneure. Bien évidemment, cela ne pourra pas se faire sans les femmes entrepreneures. Nous comptons nous appuyer énormément sur les organisations de femmes entrepreneures, sur des organisations féminines qui se battent pour l’épanouissement de la femme dans l’entreprise , afin de pouvoir apporter des solutions à des problématiques bien précises qui se posent dans le monde de l’entreprenariat féminin.
Comment se fera cet accompagnement non financier, ce sera avec les structures mises en place par l’Etat, comme l’ADEPME, le Bureau de mise à niveau etc., ou bien vous le ferez seul ?
Nous nous considérons comme une plateforme fédératrice de l’ensemble des synergies dans ce sens. Nous travaillons avec beaucoup de partenaires. Evidemment, nous avons nos partenaires traditionnels de l’Etat, avec l’ADEPME qui fait beaucoup dans la formation, dans l’accompagnement et dans la formalisation des Pme/Pmi. Nous avons notre partenaire du Bureau de mise à niveau (BMN), qui aussi s’investit dans la mise à niveau et dans la normalisation des entreprises. Nous avons aussi d’autres partenaires, comme la Fondation MasterCard, qui nous soutient également dans une série d’activités en faveur des Pme. Nous allons l’amener davantage sur le terrain des Pme africaines. En outre, nous avons nos partenaires institutionnels qui vont nous permettre d’avoir un appui institutionnel, pour pouvoir garantir un accompagnement financier allégé avec un dispositif de garantie extrêmement allégé, au profit des femmes dans les financements que nous allons mettre en place.
Comment se fera cet accompagnement financier, si l’on sait que le blocage se trouve toujours au niveau de l’accès au financement ?
Il y a deux volets précis. Le premier volet, c’est de mieux comprendre les besoins de financement, parce que à chaque projet convient un modèle de financement. L’innovation ici, c’est que nous n’allons pas le faire tout seul. Nous allons partir d’une série de discussions, d’échanges avec les organisations de femmes entrepreneures pour mieux connaître les besoins, mieux cerner les types de besoins et ensuite, charge à nous de trouver des solutions de structuration pour venir avec un package allégé en terme de pricing, avec des taux d’intérêt relativement bas, pour préserver la rentabilité des projets et des entreprises. Mais aussi avec un dispositif de garanties extrêmement allégé et un accès facilité. C’est-à-dire une certaine diligence dans l’approbation des dossiers, et dans la mise en place des crédits qui en découleront. Nous comptons mettre en place un Guichet spécial ‘’Ellever’’ qui va centraliser l’ensemble de ces besoins, afin de pouvoir les traiter avec la diligence que nous souhaitons.
Comment s’est comportée Ecobank Sénégal durant cette crise sanitaire de la Covid 19 en 2020 et au cours des premiers mois de 2021 ?
Comme toutes les autres banques, nous avons été affectées par la pandémie au niveau du portefeuille, parce que certains de nos clients ont été confrontés à des difficultés. Ils ont été frappés de plein fouet par la crise et durablement. La BCEAO nous a aidés en autorisant des reports d’échéances. Mais pour les clients qui ont été durablement touchés, la reprise n’a pas été à la hauteur de leurs engagements. Et aussi, nous avons été touchées par la baisse d’activités. Mais ceci étant, nous avons quand même pu développer des lignes d’activités qui ont permis de rééquilibrer le compte de résultats. Cela nous a permis de préserver nos acquis d’avant la crise. Nous avons pu réitérer le niveau de résultats que nous avions fait en 2019, pour l’année 2020. Et pour l’année 2021, nous sommes dans une dynamique de croissance. Avec la reprise que nous observons, nous essayons de nous positionner pour reprendre du poils de la bête.