Plus de 50% des Sénégalais sous le seuil de la pauvreté

Amadou Hott, ministre de l’économie, du plan et de la coopération internationale

Les résultats de l’enquête publiée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a fait réagir le Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale. La pauvreté a diminué selon le département de l’Economie, parce que les politiques mises en place ont montré leur efficacité. Mais dans les faits, la pauvreté est toujours là.

L’Agence Nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a publié une enquête dans laquelle, elle révéle que plus de 50% des Sénégalais se considèrent comme pauvres. Il faut préciser que c’est une enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) financée par la Banque Mondiale (BM). D’après l’ANSD, c’ est une des composantes principales du programme d’harmonisation et de modernisation des enquêtes sur les conditions de vie (PHMECV), dont l’objectif est de renforcer les capacités des Etats membres de l’Union dans la conception, la mise en œuvre, le traitement et l’analyse des données d’enquêtes pour l’évaluation de la pauvreté.

Elle a porté sur un échantillon de 7.156 ménages, et a mobilisé d’importantes ressources financières et matérielles, selon toujours l’ANSD qui pour rappel est sous la tutelle du Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale.

A la suite de la publication des résultats de cette enquête et l’exploitation qui en a été faite dans les médias, le Ministère a jugé utile de réagir à travers une mise au point. En résumé pour le département dirigé par Amadou Hott, contrairement à ce que l’on peut croire, la vérité c’est que «  le taux de pauvreté a nettement baissé ». Ce qui n’est pas faux. Et pour cause, les résultats de l’enquête révèlent, selon l’ANSD,  que le taux d’extrême pauvreté est passé de 12,2% à 6,8% sur la période 2018/2019.

Toutefois malgré cette baisse de la pauvreté, l’ANSD nous apprend que son enquête révèle que le nombre de pauvres a augmenté au Sénégal passant de 5. 832.008 en 2011 à 6. 032.379 en 2018.

Mieux, les résultats selon l’ANSD   montrent que « l’insécurité alimentaire » un facteur important dans l’évaluation des conditions de vie des populations « reste toujours une réalité au Sénégal ». L’Agence fait remarquer  qu’elle affecte plus le milieu rural, notamment les régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda et Matam.

Ainsi, il est évident que malgré les efforts fournis par le  gouvernement à travers ses différentes politiques, pour aider les populations à accéder à de meilleures conditions d’existence, il reste beaucoup à faire. Cela se reflète sur les statistiques de la pauvreté de certaines régions. Il s’agit de : Sédhiou (65,7%), Kédougou (61,9%), Tambacounda (61,9%), Kolda (56,6%), Kaffrine (53,0%) et Ziguinchor (51,1%).

L’enquête a également révélé  que le niveau de pauvreté diffère d’un milieu à un autre. Par exemple, la pauvreté, selon les résultats de l’enquête est  « plus accentuée en milieu rural (53,6% contre 19,8% pour le milieu urbain) ». Dans sa mise au point, le Ministère de l’Economie met l’accent sur les différents filets sociaux mis en place et des populations touchées. Qu’est-ce qui maintenant explique que la pauvreté persiste encore dans ces zones ? Est-ce qu’il ne faudrait pas évaluer ces différentes politiques sociales, destinées à améliorer les conditions de vie des populations, et voir ce qu’il faut améliorer pour plus d’efficacité.

Dans tous les cas, il est évident que la pauvreté est toujours là. Maintenant, il s’agit de voir comment faire pour l’atténuer davantage, en tenant compte des résultats, de cette enquête de 2018/2019, parce que les résultats d’une seconde enquête prenant en compte les années Covid pourraient être pires.