Intentions des investissements post Covid-19 des entreprises au Sénégal Diverses alternatives adoptées pour survivre

Les entreprises font leur mue pour résister à la pandémie de la Covid-19. C’est l’un des enseignements de l’enquête réalisée sur 792 entreprises,  par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), intitulée ‘’Intentions des investissements post Covid-19 des entreprises formelle au Sénégal’’.

Face à la Covid-19, le tableau est ainsi établi pour les entreprises sénégalaises. A défaut de fermer momentanément, 5,4% des entreprises ont changé d’activité depuis mars 2020 pour s’adapter à la crise. D’après l’enquête de l’ANSD, il s’agit là  essentiellement des petites entreprises et les moyennes entreprises qui sont concernées par ce changement de branche d’activité. L’enquête rapporte en outre, que près de la moitié (49,6%) des entreprises qui ont changé d’activité se sont orientées vers le commerce contre 42,7% vers les activités de services de soutien et de bureau. Les petites entreprises sont les plus nombreuses à s’orienter vers le commerce (51,4%) et les activités de services de soutien et de bureau (44,7%).

S’agissant du chiffre d’affaires des entités interrogées, l’enquête révèle que 84,6% des entreprises ont connu un fléchissement contre 15,4% qui ont observé une stagnation. Dans le détail, l’ANSD explique que la baisse concerne 62,9% des grandes entreprises, 78,9% des moyennes entreprises et 87,4% des petites entreprises. Près de deux entreprises sur cinq (39,3%) dont le chiffre d’affaires a évolué ont connu un retrait entre 25% et 50% des ventes, contre 30,6% à avoir subi une baisse entre 50% et 75% des ventes, souligne l’enquête. Les grandes entreprises (45,8%) ont surtout enregistré des abaissements de moins de 25% dans les ventes. En revanche, pour les moyennes (54,2%) et les petites entreprises (37,8%), elles ont davantage enregistré une dégradation entre 25% et 50% dans leurs ventes, constate l’ANSD. Cette situation n’est pas sans conséquences sur l’activité des entreprisses.

En effet, l’enquête indique que ces difficultés ont eu comme principales conséquences le manque de liquidités ou de financement (61,3%), la réduction de la production/vente (52,1%) et la diminution du personnel (28,5%). Elle souligne que le manque de liquidité ou de financement affecte 64,6% des petites entreprises, 50,9% des moyennes entreprises et 38,4% des grandes entreprises.

 

Intentions d’investissement

 

Sur ce volet, l’ANSD confie que  la valeur moyenne des intentions d’investissement est de 1,5 milliards de FCFA pour les grandes entreprises, 216 millions pour les moyennes et 36 millions pour les petites entreprises. Elle éclaire pour dire que, les investissements sont motivés, en grande partie, par l’atteinte des objectifs de croissance (71,1%), l’amélioration de la compétitivité (66,3%), l’augmentation de la productivité ou de l’efficacité (59,0%) et la modernisation de l’entreprise (53,8%).  Plus spécifiquement, les intentions d’investissement des grandes entreprises sont plus motivées par l’amélioration de la compétitivité alors que celles des PME sont plus expliquées par l’atteinte des objectifs de croissance, dresse l’ANSD.

Par ailleurs, l’enquête relève que les prévisions d’investissement portent essentiellement sur l’acquisition de matériels informatiques ou de logiciels (41,8%), la machinerie, les équipements et les véhicules (36,5%), la formation des employés et le recrutement (35,9%), le développement de site web et le ecommerce  (34,4%),  la construction et la rénovation (33,4%). Par contre, les grandes entreprises (45,5%) et les moyennes (58,9%) comptent investir davantage dans la machinerie, les équipements et les véhicules tandis que les petites unités (43,0%) souhaitent le faire dans l’acquisition de matériels informatiques ou de logiciels, décrit l’enquête. Elle évoque en parallèle que, pour les mesures de relance et de riposte dont les entreprises ont bénéficié, il s’agit  essentiellement de  mesures fiscales (28,8%) et le report d’échéance des prêts (9,7%) et ce, quels que soient la taille et le secteur d’activité. Toutefois, l’enquête déclare que pour les responsables d’entreprises, les mesures de riposte supplémentaires qui pourraient être prises par le Gouvernement sont les facilités dans l’obtention de prêts (53,3%), les subventions d’exploitation (48,9%) et la gratuité du paiement du loyer, de l’eau ou de l’électricité (47,4%).  En outre, l’enquête précise que les responsables des grandes entreprises (46,2%) et des moyennes entreprises (41,9%) sont plus favorables aux subventions d’investissement tandis que ceux des petites entreprises (55,7%) souhaitent surtout que l’obtention de prêts leur soit facilitée. Pour sa part, l’ANSD a formulé des recommandations dans le cadre de cette enquête. Il s’agit de décréter un moratoire sur les obligations contractuelles et sociales (reports d’impôts et taxes, prêts bancaires, déclarations fiscales) afin de soulager les entreprises et d’éviter le risque de faillite, mobiliser des financements auprès des bailleurs de fonds pour des projets de relance des entreprises, encourager la création d’écosystèmes dans lesquels les PME pourraient se regrouper et mettre l’accent sur le développement du secteur privé national dans le programme de relance de l’activité économique  entre autres.

 

Moustapha DIA

 

Author: Moustapha DIA