La modération des économies du G-20, et des Membres de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), en général, en matière de politique commerciale a empêché une accélération destructrice des mesures commerciales protectionnistes, dont l’économie mondiale aurait encore souffert. La Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a toutefois prévenu que des obstacles au commerce subsistaient et continuaient de saper les efforts déployés au niveau mondial pour accroître et diversifier la production des vaccins. C’est en somme, les deux grandes lignes du 25ème rapport de l’OMC sur le suivi du commerce mondial.
Ce rapport, qui couvre la période allant de mi-octobre 2020 à mi-mai 2021, donne des indications importantes dans divers domaines alors que les pays commencent à aborder les difficultés que comporte une reprise économique après une pandémie, indique un résumé parcouru par ChallengesEconomiques.com. Le rapport indique que « le commerce est une force au service du bien pendant la pandémie car il donne accès aux fournitures médicales. Bien que la valeur du commerce mondial des marchandises ait diminué de plus de 8% en 2020, le commerce des fournitures médicales et des équipements de protection individuelle a augmenté de 16% et 50%, respectivement ». En outre, il est mentionné également que « le système commercial multilatéral a permis de maintenir les courants d’échanges, l’OMC ayant joué un rôle central pour faire en sorte que les chaînes d’approvisionnement restent ouvertes et que les politiques commerciales restrictives soient évitées ».
Pour ce qui est des chiffres, les économies du G-20 ont mis en œuvre 140 mesures commerciales et liées au commerce dans le domaine des marchandises depuis le déclenchement de la pandémie, à savoir 101 mesures de facilitation des échanges (72%) et 39 mesures restrictives pour le commerce (28%). Le rapport renseigne que la réduction ou l’élimination des droits d’importation et des taxes à l’importation représentait 60% des mesures de facilitation des échanges prises, et certaines économies du G-20 ont réduit leurs droits de douane pour divers produits tels que les équipement de protection individuelle, les antiseptiques, les désinfectants, le matériel médical et les médicaments. Pendant la période considérée, 3 économies du G-20 ont supprimé temporairement leurs droits d’importation pour les vaccins contre la COVID-19, ce qui a porté à 10 le nombre total de membres du G-20 appliquant des droits de la nation la plus favorisée (NPF) nuls dans ce secteur, informe le rapport de l’OMC. Par ailleurs, le rapport souligne que les interdictions d’exporter représentaient plus de 90% de l’ensemble des mesures restrictives recensées.
‘’Assurer la libre circulation des fournitures et intrants médicaux essentiels pour sauver des vies’’
Pour sa part, la Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, juge que « le système commercial multilatéral a une fois de plus prouvé sa valeur. Comme cela a été le cas pendant la crise financière mondiale il y a plus de dix ans, il a constitué un rempart solide et efficace contre une accélération du protectionnisme face à la pire crise économique et sanitaire que nous connaissons depuis des générations ». D’après elle, « alors que le monde lutte pour remédier aux lourdes conséquences humaines, économiques et sociales de la pandémie, nous ne devons pas relâcher nos efforts. Le commerce ne reprendra durablement que si l’équité vaccinale est assurée ».
Selon la DG de l’OMC, « bien que les constatations du rapport indiquent que les mesures restrictives pour le commerce sont en baisse, les économies du G-20 ont plus de travail à accomplir pour assurer la libre circulation des fournitures et intrants médicaux essentiels pour sauver des vies ». Elle déclare que « les restrictions commerciales entravent nos efforts visant à accroître la production, en particulier dans les pays en développement, et à assurer une distribution équitable des vaccins. La politique en matière de vaccins est une politique commerciale et nous devons faire tout notre possible pour prévenir une résurgence de la pandémie, qui compromettrait considérablement la reprise économique mondiale. À ce stade, le leadership du G-20 sera crucial pour soutenir le retour à une croissance forte, durable et inclusive», argumente Ngozi Okonjo-Iweala.
Moustapha Dia