La Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest mise sur une solide reprise des économies ouest-africaines en 2021. Elle considère que le rythme de l’inflation restera sensiblement inférieur à 3% l’an, au cours des 24 prochains mois.
Par visioconférence, le Comité de politique monétaire (CPM) de la BCEAO (Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest) a tenu sa réunion trimestrielle, le 9 juin 2021. Maintenant sa politique monétaire inchangée, l’institution dirigée par le gouverneur Tiemoko Meyliet Kone s’est montrée rassurante, tant concernant la conjoncture économique de la région que sur les craintes d’une résurgence de l’inflation.
Actant la reprise de l’activité économique au premier trimestre 2021, le CPM retient l’hypothèse du FMI selon lequel l’économie mondiale connaîtrait en 2021 une reprise forte, de l’ordre de 6,0%.
Les cours des matières premières ont, dans l’ensemble, poursuivi leur tendance haussière pour le troisième trimestre consécutif, sous l’effet de la reprise de la demande à l’échelle mondiale et de la persistance de contraintes pesant sur l’offre.
Les prix de l’énergie ont connu une augmentation de 35,3%, ceux des produits de base non énergétiques de 27,8%. Dans leur sillage, les prix des matières premières non énergétiques exportées par les pays de l’Union ont augmenté de 5,1% au cours du premier trimestre, après +2,7% un trimestre plus tôt.
Toutefois, les prix des principaux produits alimentaires importés par les pays ouest-africains ont augmenté de 19,4% au premier trimestre 2021, après + 11,2% un trimestre auparavant. Cette inflation importée n’inquiète donc pas le banquier central. Il est vrai qu’elle n’a fait qu’accompagner une reprise de l’activité économique (+3,2% au premier trimestre), portée par l’ensemble des secteurs d’activité, consécutivement au regain de vigueur de la demande intérieure.
De plus, en dépit des tensions inflationnistes mondiales, le CPM a relevé une décélération des prix à la consommation au premier trimestre 2021, le taux d’inflation ressortant à 2,2% contre 2,7% un trimestre plus tôt. Cette baisse du rythme de progression des prix au niveau de la sous-région est imputable essentiellement à la hausse de moindre ampleur des prix des produits alimentaires. À l’horizon de 24 mois, soit à fin mars 2023, le rythme d’inflation devrait se situer à 1,9%, soit dans la fourchette (1,0% – 3,0%) définie pour la politique monétaire dans l’UMOA.
C’est pourquoi la zone devrait enregistrer une croissance 5,6% en 2021, après le modeste 1,5% atteint l’an passé. « La consolidation de la reprise de l’activité économique dans l’Union serait portée par une bonne exécution des plans de relance, le maintien des mesures de soutien budgétaire et monétaire ainsi qu’une amélioration de la situation sécuritaire », fait observer le Comité.
Des réserves de change consolidées
Le premier trimestre 2021 s’est achevé par atténuation du déficit budgétaire global des pays de l’Union, à 2,9% du PIB contre 4,5% en 2020, révèle la BCEAO. Cette évolution résulte d’un accroissement des recettes et dons plus importants que celui des dépenses publiques.
Sur le marché monétaire, les conditions financières sont restées favorables, en ligne avec l’orientation accommodante de la politique monétaire menée par la Banque centrale. Par exemple, le taux d’intérêt moyen pondéré des bons du Trésor est ressorti à 3,6% contre 4,5% un an auparavant.
En matière monétaire, la masse monétaire a connu une accélération (+21,5% en rythme annuel), contre +16,5% un trimestre plus tôt. En particulier, les créances sur l’économie se sont accrues de 6,5% sur un an. Résultat encourageant : les réserves de change de l’Union se sont consolidées. Elles assurent 6,7 mois d’importations de biens et services contre 5,9 mois au trimestre précédent.
Sur la base de ces analyses, le CPM a décidé de maintenir inchangés le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 2,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,00%. Des niveaux en vigueur depuis le 24 juin 2020. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union demeure inchangé à 3,0%.
Dans les mois à venir, la BCEAO « continuera à mettre en œuvre une politique monétaire assurant la stabilité des prix, tout en soutenant le retour à une croissance forte », conclut l’institution.
Paule Fax
(Source : Le magazine de l’Afrique)
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