L’économie mondiale devrait croître de 5,6 % en 2021, affichant ainsi un rebond post-récession d’une ampleur sans précédent en 80 ans. Cette reprise tient en grande partie au redressement vigoureux de quelques grandes économies, tandis que de nombreuses économies émergentes et en développement sont encore aux prises avec la pandémie de COVID-19 et ses retombées, indique la Banque mondiale dans sa dernière édition des Perspectives économiques mondiales.
Malgré la reprise, la production mondiale fin 2021 sera inférieure d’environ 2 % aux prévisions pré-COVID. Dans les deux tiers des économies émergentes et en développement, les pertes de revenu par habitant subies en 2020 ne seront pas recouvrées en 2022. Dans les pays à faible revenu, où la vaccination a pris du retard, les effets de la pandémie ont effacé les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté et aggravé l’insécurité et d’autres problèmes de longue date.
« Malgré des signes encourageants de reprise à l’échelle mondiale, la pandémie a aggravé la pauvreté et les inégalités dans les pays en développement, souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Il est essentiel de mener une action coordonnée au niveau mondial pour accélérer la distribution des vaccins et les allégements de dette, surtout pour les pays à faible revenu. À mesure que l’on sort de la crise sanitaire, les dirigeants politiques devront faire face aux effets durables de la pandémie et prendre des mesures pour promouvoir une croissance verte, résiliente et inclusive tout en préservant la stabilité macroéconomique. »
Parmi les grandes économies, les États-Unis devraient afficher une croissance de 6,8 % cette année, grâce aux importantes mesures de soutien budgétaire et à l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie. La croissance se raffermit également dans les autres économies avancées, mais dans une moindre mesure. Parmi les économies émergentes et en développement, la Chine devrait enregistrer un rebond de la croissance de 8,5 % cette année, à la faveur du rattrapage de la demande.
Globalement, ce groupe de pays devrait connaître une croissance de 6 % en 2021, tirée par la progression de la demande et la hausse des prix des produits de base. Dans de nombreux pays, toutefois, la reprise est freinée par la recrudescence des cas de COVID-19 et le retard pris dans la vaccination, auxquels s’ajoute la suppression des mesures de soutien dans certains cas. Si l’on ne tient pas compte de la Chine, la reprise devrait s’établir à 4,4 % en 2021. Pour 2022, les projections tablent sur une croissance de 4,7 % pour l’ensemble des économies émergentes et en développement. Néanmoins, les gains attendus dans ce groupe de pays ne sont pas suffisants pour regagner le terrain perdu pendant la récession de 2020, et en 2022 la production devrait être inférieure de 4,1 % aux projections pré-COVID.
Dans de nombreuses économies émergentes et en développement, le revenu par habitant devrait également rester inférieur aux niveaux atteints avant la pandémie, et les pertes aggraveront les privations associées à la santé, à l’éducation et au niveau de vie. Alors que les prévisions indiquaient un essoufflement des principaux moteurs de la croissance même avant la crise sanitaire, les séquelles laissées par la pandémie devraient accentuer cette tendance.
Les pays à faible revenu devraient connaître cette année leur plus faible croissance depuis 20 ans (année 2020 non comprise), en partie à cause du rythme très lent de la vaccination. La croissance dans ces pays s’accélérera pour atteindre 2,9 % en 2021 et 4,7 % en 2022. Selon les prévisions pour 2022, leur production sera inférieure de 4,9 % au niveau pré-COVID.
La dernière édition des Perspectives économiques mondiales consacre un dossier spécial à l’impact positif que la baisse des coûts commerciaux, liés notamment à la logistique et aux lourdes procédures frontalières, pourrait avoir sur la reprise dans les économies émergentes et en développement en facilitant les échanges. Bien qu’ils aient diminué au cours des 15 dernières années, les coûts commerciaux restent près de 50 % plus élevés dans ces pays que dans les économies avancées, en grande partie à cause du montant supérieur des frais d’expédition et de logistique. Les efforts visant à simplifier les procédures commerciales et les formalités douanières, améliorer les infrastructures de transport et la gouvernance, favoriser les échanges d’informations et renforcer la concurrence dans les domaines de la logistique, du commerce de gros et de détail pourraient réduire considérablement les coûts.
« Les liens créés par le commerce et les chaînes de valeur mondiales ont constitué l’un des principaux vecteurs de progrès économique des pays en développement et aidé de nombreuses personnes à sortir de la pauvreté. Cependant, au rythme actuel, la croissance du commerce mondial va ralentir au cours des dix prochaines années, explique Indermit Gill, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable et institutions financières. À mesure que les pays en développement se relèvent de la pandémie de COVID-19, la baisse des coûts commerciaux peut créer des conditions propices à une réintégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et à la reprise des échanges. »
Un autre chapitre du rapport analyse le rebond de l’inflation mondiale qui a accompagné la reprise de l’activité économique. Sur les cinq dernières récessions mondiales, celle de 2020 a produit le plus faible recul de l’inflation, suivi de la plus forte hausse. Même si l’inflation mondiale continuera probablement d’augmenter jusqu’à la fin de l’année, elle devrait se maintenir dans la fourchette prévue par la plupart des pays qui fixent un objectif en la matière. Dans les économies émergentes et en développement où l’inflation dépasse les niveaux visés, les pressions sur les prix ne justifient pas nécessairement le recours à des mesures monétaires, sous réserve qu’elles soient temporaires et que les anticipations d’inflation restent stables.
« La hausse de l’inflation risque de compliquer les choix à faire par les économies émergentes et en développement au cours des prochains mois, sachant que certaines d’entre elles continuent de recourir à des mesures expansionnistes pour assurer une reprise durable, indique Ayhan Kose, directeur du Groupe des prévisions de la Banque mondiale. À moins de s’attaquer aux risques de surendettement, ces économies restent vulnérables aux tensions sur les marchés financiers si les poussées inflationnistes dans les économies avancées accroissent l’aversion des investisseurs pour le risque. »
La hausse des prix des denrées alimentaires et l’accélération de l’inflation globale pourraient également exacerber les problèmes liés à l’insécurité alimentaire dans les pays à faible revenu. Les dirigeants de ces pays doivent veiller à ce que la hausse des taux d’inflation n’entraîne pas le décrochage des anticipations d’inflation et éviter de recourir à des subventions ou à un contrôle des prix qui risquent de faire monter les cours mondiaux des denrées alimentaires. Des mesures axées sur le renforcement des programmes de protection sociale, l’amélioration de la logistique et la résilience de l’offre locale de nourriture face aux changements climatiques seraient plus utiles.
Perspectives régionales :
Afrique subsaharienne : l’économie régionale devrait renouer avec un taux de croissance de 2,8 % en 2021, puis de 3,3 % en 2022.
Asie de l’Est et Pacifique : la croissance dans la région devrait grimper à 7,7 % en 2021, avant de ralentir à 5,3 % en 2022.
Europe et Asie centrale : l’économie régionale devrait progresser de 3,9 % cette année, puis l’année prochaine.
Amérique latine et Caraïbes : l’activité économique régionale devrait croître de 5,2 % en 2021 et 2,9 % en 2022.
Moyen-Orient et Afrique du Nord : l’activité économique dans la région devrait rebondir de 2,4 % cette année et de 3,5 % l’année prochaine.
Asie du Sud : le taux de croissance régional devrait atteindre 6,8 % en 2021 et en 2022.
(Source : Banque mondiale)