Le système monétaire et financier international actuel ne laisse aucune marge de manœuvre aux pays africains, qui seront toujours à la périphérie des transactions financières. Ainsi, sur le marché financier, les pays africains négocient des créances à des taux corsés, et qu’ils seront toujours obligés d’accepter, parce que s’étant mis dans une situation extrême, conséquence d’une mal gouvernance publique récurrente.
La croissance économique tant vantée de l’Afrique, ces dernières années était loin d’être solide. La preuve, elle s’est carrément effondrée, avec cette crise de la Covid 19. L’Afrique est entrée en récession, elle a enregistré un taux de croissance de (-2.6%), en 2020. La croissance de l’Afrique n’était pas inclusive et pire elle était le fait de moteurs qui sont contrôlés par des entreprises étrangères. Paradoxalement, alors qu’on lui prédisait le pire, le continent noir semble avoir été moins affecté sur le plan de la morbidité, si on le compare avec les autres parties du monde, surtout l’Europe et les Etats-Unis. Donc, à la place de la catastrophe sanitaire, il y a eu celle économique.
Les pays et autres multinationales qui faisaient croire à tous, que l’Afrique était le nouvel eldorado, considéraient en réalité le continent africain, comme un endroit où il y avait des opportunités à saisir et matières premières à exploiter. Il fallait alors, pour s’ouvrir les portes du continent à ses entreprises, accorder des ressources financières sous formes prêts à des taux rarement concessionnels, à des gouvernants parfois « immatures et incompétents », pour les enfoncer dans une situation, qu’ils ne pourraient plus à la longue maitriser. Une sorte de dépendance qui, aujourd’hui, oblige l’Afrique à se rendre en France, au lieu d’aller à Addis Abéba, au siège de l’Union africaine, ou bien dans une autre capitale africaine, pour encore renégocier de nouveaux financements, pour la relance économique dans un contexte de pandémie.
Beaucoup se sont offusqués, certains ont même décrit ce sommet comme celui de la honte. Ils sont convaincus en effet, que les Chefs d’Etat africains qui sont allés à Paris, au Sommet voulu par Emmanuel Macron, n’avaient rien à faire là-bas. Ils sont convaincus que la France ne peut désormais rien apporter à l’Afrique. Pour eux, c’est au contraire l’ancienne métropole qui a besoin de l’Afrique, pour combler son retard sur les autres et se relancer. N’ont-ils pas raison ? En tout cas, la situation a beaucoup changé. Les lignes ont bougé depuis la fin du Sommet de la Baule de 1990. Le seul objectif du président français en convoquant ce Sommet, était pour lui et son gouvernement de tenter de retenir, certains parmi les gouvernants africains, comme alliés, pour mieux mener la guerre avec les autres puissances que sont la Chine, la Russie, l’Inde et la Turquie sur le continent africain.
Pourquoi la France a-t-elle jugée nécessaire d’annuler la dette du Soudan d’un montant colossale de 5 milliards d’euros. Le ministre français de l’Economie et de la Relance, Bruno Lemaire évoque des raisons sécuritaires entre autres. La vérité, c’est qu’il s’agit-là, de la défense des intérêts français à l’étranger d’une autre manière. La France depuis le général Charles De Gaulle a toujours appliqué la maxime selon laquelle, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts à défendre.
Les résultats issus de ce Sommet de Paris sur le financement des économies africaines le révèlent à suffisance. Les pays africains devront se contenter de 33 milliards de DTS, sur les 650 milliards disponibles. La France va maintenant voir, avec qui elle va partager sa part de ce pactole de 650 milliards de DTS. Certainement les pays les plus ouverts à sa politique de reconquête des territoires perdus seront les mieux servis. Les pays africains par la voix de certains de leurs leaders présents à cette rencontre réclament 100 milliards de DTS. Ceux qui seront servis y perdront encore des plumes.
Annuler la dette africaine
Face au refus des bailleurs de l’acceptation d’une quelconque idée d’annulation de la dette des pays africains, les chefs d’Etat africains qui avaient voulu s’engouffrer dans la brèche ouverte par la pandémie de la COVID 19, ont dû se contenter de moratoires. Ils savent bien que cela n’est pas possible. Les bailleurs ne peuvent pas continuer à toujours procéder à l’annulation d’une dette mal négociée puis mal utilisée. Parce que fondamentalement, il ne s’agit que de cela. Les Etats africains s’endettent à des conditions inimaginables. Ils acceptent des taux très élevés, avec des maturités très courtes. Ce qui occasionne des tensions sur leurs budgets. Le service de la dette augmente d’années en années, et c’est un cycle vicieux dans lequel, ils ne pourront jamais sortir. Pourtant, les pays africains ne sont pas aussi endettées que les occidentaux et les bailleurs veulent bien le faire croire. L’Italie a une dette estimée à 2600 milliards d’euros. Le secret, s’il en est, c’est que ces pays s’endettent à taux 0 et utilisent bien cet argent. Alors qu’en Afrique, l’argent issu de la dette est très mal utilisé. Le plus souvent dans des projets qualifiés d’éléphants blancs, et qui ne se terminent jamais, ou bien des années après la date initialement prévue. Entrainant ainsi, des rallonges budgétaires qui affectent gravement le budget de l’Etat. C’est pourquoi, l’ancien vice-président de la Banque Mondiale, le Sénégalais, Makhtar Diop, dit clairement que la dette n’est pas mauvaise en somme. Cependant, tout dépend de la qualité de la dette et de son utilisation. Maintenant, le risque que les pays africains encourent avec une nouvelle annulation de la dette, c’est des conditionnalités encore plus difficiles, quand ils reviendront pour demander aux bailleurs quelques milliards pour financer leurs dépenses.
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