Former sa jeunesse, afin de lui permettre de pouvoir prétendre à un emploi décent, ou à s’orienter vers l’entreprenariat, doit être une préoccupation, pour tout gouvernement. Une jeunesse désœuvrée constitue toujours un danger, une bombe à retardement, pour un gouvernement. Ainsi, mettre en œuvre tous les moyens pour résoudre la problématique de l’emploi des jeunes est dès lors une bonne chose. Toutefois, il doit faire l’objet d’une démarche bien réfléchie, pour éviter, un pilotage à vue, avec comme résultats des investissements à perte, une tendance à l’émigration clandestine et des soulèvements populaires.
En dépit de toutes les critiques, que l’on peut formuler à l’endroit de la politique de l’emploi des jeunes, au Sénégal, on est bien obligé de reconnaître que l’on n’est pas en face d’un désert. Des structures, dont le rôle est de prendre en charge cette problématique existent bel et bien et sont fonctionnelles. Macky Sall, le président de la République les a listées dans son dernier discours de la fête de l’indépendance du Sénégal. Il s’agit de : la Délégation générale à l’Entreprenariat rapide des Femmes et des Jeunes (DER), du Fonds National de la Microfinance; du Programme Formation École-Entreprise; du Programme sénégalais pour l’Entreprenariat des Jeunes; du Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC). Alors, qu’est- ce qui donc fait que cela ne marche pas, comme cela devrait l’être ? C’est la grande question à laquelle, il faudra trouver une réponse. Le président Macky Sall a semblé le dire, ce jour 22 avril 2021, dans son discours, à l’ouverture du Conseil présidentiel pour l’emploi. Le chef de l’Etat a déclaré qu’à « l’épreuve du temps, l’un des objectifs de ce Conseil, c’est de voir comment améliorer la cohérence d’ensemble de toutes ces structures par une meilleure mutualisation de leurs moyens ». Macky Sall a posé le doigt sur ce qui semble être le nœud du problème. Il s’agit sans conteste et comme d’ailleurs souvent le cas, d’un manque de cohérence dans les actions des différentes structures de l’Etat et d’une mauvaise utilisation et répartition des ressources financières mobilisées au profit de la jeunesse. Il faut donc rectifier et inaugurer une nouvelle orientation, dans les activités de ces structures qui œuvrent toutes pour donner une bonne formation à la jeunesse, et ensuite leur fournir un emploi ou les aider à entreprendre.
Macky Sall a donc bien raison, de dire que « nous ne partons pas de zéro ». Effectivement, et il le souligne à juste raison dans son allocution à l’ouverture de ce Conseil en disant que « les préoccupations des jeunes pour l’emploi et la création d’activités génératrices de revenus, ont toujours été au cœur des priorités que j’ai assignées aux structures et mécanismes de soutien à l’encadrement et au financement des jeunes et des femmes ». Quel a été le sort de ces directives présidentielles ? Elles n’ont sans doute pas été suivies à la lettre. En tout cas, le violent coup de poing que la jeunesse a asséné à son régime, lors des derniers événements, du mois de mars 2021, ont presque mis KO le régime. Cependant, le message semble avoir été bien entendu. Maintenant que faut-il faire et avec qui ?
450 milliards de FCFA pour venir à bout de cette problématique
Dès le 8 mars 2021, quelques jours seulement après les violentes manifestations qui ont secoué le Sénégal et à l’occasion desquelles, les jeunes étaient les principaux acteurs, le président Sall a sorti un chiffre qui est devenu virale, 450 milliards de FCFA. Il est vrai que c’est une enveloppe consistante, mais sera-t-elle suffisante pour résoudre, cette lancinante question de l’emploi des jeunes au Sénégal. D’abord, il faudra trouver cette manne financière. Le président a évoqué une réorientation budgétaire, qui reste une alternative. Même s’il faut le souligner, le contexte de crise sanitaire a beaucoup affecté nos finances publiques. Et , il ne faudrait sans doute pas s’amuser à creuser notre déficit, en allant encore sur le marché financier pour s’endetter davantage, après avoir sollicité les bailleurs pour combler les 1000 milliards de FCFA, qui ont permis au gouvernement de bien dérouler son programme de résilience. Pourquoi donc ne pas appliquer directement, la solution de la rationalisation des moyens, comme semble le préconiser le chef de l’Etat. Toutes les structures qui effectuent les mêmes missions ne pourront-elles pas être regroupées ? Pourquoi ne pas en faire disparaître certaines, dont l’utilité n’est pas du tout avérée. Le président doit opérer des choix forts, qui vont sans aucun doute faire des mécontents, avec un personnel politique casé pour service rendu. Cela permettra une réduction des effectifs et des charges affectées au fonctionnement de ces structures et bien entendu, une meilleure utilisation des ressources. C’est la raison pour laquelle, il semble important de faire l’audit de chacune de ces structures, pour mesurer la pertinence de leurs interventions pour l’employabilité des jeunes.
Lever le doute sur le fonctionnement des structures d’appui
Cette tâche doit au préalable être effectuée avant toute mobilisation de ressources, en vue d’apporter les solutions idoines, à la problématique de l’emploi des jeunes. Quand, le Forum civil demande que la DER publie la liste des personnes ayant bénéficié d’un financement, c’est parce que la transparence devra être de mise. Une telle démarche devra être appliquée par toutes les autres structures concernées. Cela participera à édifier l’opinion, sur ce qu’elles font des ressources qui leur sont allouées. En effet, jusqu’à présent le doute persiste sur l’utilisation des ressources dédiées à la formation, à l’emploi et à l’entreprenariat des jeunes. Beaucoup suspectent ces structures de faire dans la discrimination dans l’octroi des financements, et cela ne milite pas à instaurer la transparence dans la gestion des deniers publics.