
Le directeur de la comptabilité publique et du trésor (DGCPT) a invité lundi, à Dakar, les dirigeants des sociétés publiques à un changement de paradigme afin de soulager le budget de l’Etat dans un contexte d’endettement élevé.
‘’C’est un changement de paradigme en termes de posture à avoir en tant que dirigeant de ces sociétés publiques. Il ne s’agira plus d’élaborer des programmes, des projets et d’attendre des moyens de l’Etat dans un contexte où l’Etat est très contraint budgétairement, dans un contexte de niveau d’endettement élevé’’, a soutenu Amadou Tidiane Gaye.
Il présidait un atelier de deux jours visant à renforcer les capacités des dirigeants exécutifs des sociétés nationales et des administrateurs représentant le ministère des Finances et du Budget sur les innovations de la nouvelle loi d’orientation relative au secteur parapublic et ses textes d’application.
La nouvelle démarche qui sera actée dans la doctrine de gestion du portefeuille, en préparation, est d’être dans une logique de création de valeurs, a-t-il fait savoir.
‘’Nous sommes dans un secteur marchand par excellence et parfois même concurrentiel. Nous devons être dans la logique de création de valeurs’’, a insisté le directeur de la comptabilité publique et du trésor (DGCPT).
‘’Ce que cela peut signifier pour nous, acteurs du secteur parapublic, c’est de partir du principe que le budget de l’Etat peut être soulagé à travers l’identification de tout le potentiel de création de valeurs au sein du secteur parapublic’’, a souligné Amadou Tidiane Gaye,
Selon lui, le travail va consister, grâce au rôle central de la direction du secteur parapublic (DSP), à identifier tous les projets et programmes, tout le potentiel de partenariat public et privé qui va permettre à l’Etat d’avoir ”un meilleur confort budgétaire’’ (…).
Le DGCPT a rappelé que la notion de société publique est une consécration de la nouvelle loi et regroupe les sociétés nationales et les sociétés à participation publique majoritaires, excluant ainsi les établissements publics à caractère industriel et commercial.
Ces sociétés jouent un rôle capital dans la stratégie nationale de mobilisation des ressources publiques, car elles ont vocation en réalité à contribuer au budget de l’Etat, a-t-il indiqué.
— Le chiffre d’affaire des sociétés publiques s’élève à 2300 milliards —
‘’En 2023, les sociétés publiques représentent en termes de chiffre d’affaires plus de 2300 milliards de FCFA en volume et 12,77% du PIB en valeur relative’’, a signalé M. Gaye.
Le poids des sociétés publiques dans l’économie du pays démontre toute l’importance de ces entités dans l’élaboration et la réalisation des politiques publiques, a-t-il avancé.
La nouvelle loi d’orientation sur le secteur parapublic doit être considérée comme un bréviaire, selon Amadou Tidiane Gaye.
‘’Avec les textes subséquents et la nouvelle doctrine de gestion du portefeuille qui est en gestation, nous voulons vous rappeler que la maîtrise de ce nouveau cadre sera la condition pour asseoir les rampes de la bonne gouvernance et encore une fois, il n’y a pas de performance sans le respect des règles de bonne gouvernance’’, a-t-il insisté.
M. Gaye s’est dit convaincu que tout ce qui est lié à la politique de gestion du portefeuille de l’Etat a une perspective de long terme qui ne peut pas s’accommoder des contraintes budgétaires. ”Ce qui nous renvoie toujours à cette logique de création de valeur, de recherche de financement autre que ce que nous pourrions obtenir par le budget’’, a-t-il dit.
La nouvelle loi d’orientation introduit plusieurs innovations notamment en matière de gouvernance des sociétés publiques, à travers la création d’un comité de suivi du secteur parapublic, la définition de statuts types applicables aux sociétés nationales, la représentation des salariés dans les organes délibérants, la nomination d’administrateurs indépendants ainsi que la mise en place obligatoire, au sein des conseils d’administration (CA) des sociétés publiques, de comités spécialisés en matière d’audit et de rémunération.
Il s’agira, a indiqué le DGCPT, de veiller à une stricte application de la nouvelle loi car l’ancienne loi de 1990 a beaucoup souffert ‘’d’une faible application et de l’absence d’évaluation, qui donc ont conduit à devoir constater une faible application de ces règles au sein des sociétés publiques et un faible rôle joué par les organes délibérants’’.
Durant deux jours, les échanges porteront notamment sur les rôles et responsabilités des dirigeants exécutifs des sociétés publiques, l’analyse des états financiers mais également, la démarche de contractualisation des sociétés publiques.
(APS)-