
Cette notation constitue un véritable coup de pouce pour la CRRH-UEMOA, qui s’apprête à lever plus de 60 milliards FCFA (95,3 millions $) sur le marché régional afin de soutenir le financement du logement social par les établissements de crédit, dans une région où le déficit en logements progresse à un rythme soutenu.
La Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA) s’apprête à retourner sur le marché financier régional avec une nouvelle émission d’obligations sociales destinée à refinancer les prêts immobiliers accordés par les banques et établissements de crédit de l’UEMOA en faveur du logement social en Afrique de l’Ouest. Le montant de l’opération avoisinerait 60 milliards FCFA. Un projet qui vient de recevoir un gage de crédibilité : Moody’s lui a attribué la note de durabilité SQS1 (excellent), la plus haute distinction en matière de finance durable.
Dans son opinion de seconde partie publiée le mardi 18 février, l’agence de notation souligne l’alignement du document-cadre de la CRRH-UEMOA avec les principes applicables aux obligations sociales (SBP) 2023 de l’International Capital Market Association (ICMA), qui fait office d’autorité dans le domaine.
Contrairement à une notation de crédit (AAA, BB+, etc.), qui évalue la capacité d’un émetteur à rembourser sa dette, une opinion de seconde partie (SPO) mesure l’impact environnemental ou social d’une obligation et son alignement avec les meilleures pratiques internationales.
Un sésame qui devrait renforcer l’appétit des investisseurs pour cette nouvelle émission, dont les fonds seront intégralement alloués au refinancement des prêts immobiliers sociaux et déployés sur 24 mois. D’autant que cette reconnaissance intervient dans un contexte où la solidité financière de la CRRH-UEMOA a déjà été saluée par Moody’s.
En octobre dernier, l’agence avait en effet révisé sa perspective de « négative » à « stable », tout en confirmant ses notes Ba2 pour la dette à long terme en monnaie locale et Ba3 pour la dette en devises étrangères. Cette décision faisait déjà de l’institution, dont la BOAD, la SFI, la BIDC, Shelter Afrique Development Bank (ShafDB) et 58 banques commerciales de l’UEMOA sont actionnaires, l’une des institutions financières les mieux notées de l’UEMOA par l’agence.
Un marché sous pression, des besoins croissants
Depuis sa création en 2010, la CRRH-UEMOA a levé 461 milliards FCFA (à fin 2023) pour refinancer les portefeuilles de prêts des banques de l’UEMOA. Mais dans une région où la pression démographique ne faiblit pas, l’offre reste largement inférieure à la demande.
En Côte d’Ivoire, le déficit en logements dépasse 500 000 unités, avec une progression annuelle de 10%. Au Bénin et au Burkina Faso, où plus de 70% des travailleurs urbains évoluent dans l’économie informelle, l’accès au financement immobilier reste un défi.
L’initiative de la CRRH-UEMOA cible précisément ces segments vulnérables. Selon Moody’s, 80% des prêts refinancés concernent des logements d’une valeur inférieure à 50 millions FCFA, dont 49% sous la barre des 25 millions FCFA.
Un signal fort aux investisseurs
Avec une notation SQS1 en poche, la CRRH-UEMOA bénéficie d’un argument de poids pour séduire les investisseurs institutionnels et les fonds spécialisés en finance durable. L’émission, qui devrait offrir un rendement compris entre 5,95% et 6,15%, pourrait intéresser aussi bien les acteurs régionaux que les banques de développement.
Cette nouvelle opération s’inscrit dans une stratégie éprouvée. Depuis son lancement, la CRRH-UEMOA a déjà réalisé neuf émissions sur le marché régional, pour un total de 198 milliards FCFA à fin 2023.
Sa dernière émission obligataire, réalisée en janvier 2023, portait sur 36 milliards FCFA, avec une maturité de 15 ans, assortie d’un taux d’intérêt annuel de 6,10%. L’opération avait été majoritairement souscrite par des investisseurs institutionnels de l’UEMOA.
(Agence Ecofin)