Les ambitions ivoiriennes dans l’énergie

La Côte d’Ivoire devient un acteur clé du secteur pétrolier et gazier en Afrique de l’Ouest, avec des projets majeurs et des partenariats solides qui stimulent la croissance et la production.

Abidjan vient d’accueillir deux rendez-vous d’importance dans le domaine de l’énergie. La première édition du Salon international des Ressources extractives et énergétiques (SIREXE) s’est achevée par la signature de contrats d’investissements à hauteur de 4 000 milliards de F.CFA (6,1 milliards d’euros). Tandis que le 9e forum sur l’énergie durable de la CEDEAO (ESEF) a permis de faire le point sur les progrès réalisés en matière de financement du développement durable, et par conséquent, de mesurer le chemin à parcourir.

L’occasion aussi, entre autres annonces, de réaffirmer l’intérêt du gazoduc africain atlantique, qui, partant, du Nigeria, reliera onze pays côtiers jusqu’au Maroc.

« Avec ses politiques progressistes, son engagement en faveur du potentiel local et sa volonté d’embrasser l’innovation, la Côte d’Ivoire se positionne comme un phare de la croissance durable et inclusive. »

Le ministre ivoirien des Mines, du pétrole et de l’énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly a expliqué que la Côte d’Ivoire a engagé plusieurs projets visant à améliorer le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. « Le déroulement de notre plan d’action nous conduira inexorablement, d’une part à tenir notre engagement de porter à 45% la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique à l’horizon 2030, et d’autre part à rationaliser notre consommation d’énergie. »

De son côté, le SIREXE a été l’occasion d’identifier des solutions aux défis de développement des secteurs des mines, du pétrole et de l’énergie, et de promouvoir des accords de partenariat Sud-Sud et Nord-Sud, ainsi que des retombées touristiques pour la Côte d’Ivoire. C’est du moins ce qu’en retient la commissaire générale adjointe du SIREXE, Aka Mireille Chiniango. Il s’agit, entre autres, de l’annonce de découvertes additionnelles de réserves d’or en Côte d’Ivoire et de la signature de nouveaux contrats de partage et de production, ainsi que des contrats de vente de gaz naturel entre la Côte d’Ivoire et différentes compagnies privées.

Le pays entend mettre en œuvre un projet de valorisation de la biomasse et de la cuisson propre et poursuivre l’aménagement de forêts classées en vue de la compensation des gaz à effet de serre émis par l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers.

La Côte d’Ivoire est en train de devenir un acteur clé du secteur pétrolier et gazier en Afrique de l’Ouest, avec des projets majeurs tels que Baleine et des partenariats solides qui stimulent la croissance et augmentent la capacité de production, rappelle de son côté la Chambre africaine de l’énergie (AEC).

Une gouvernance efficace

À cela diverses raisons :« Un cadre réglementaire solide, des conditions fiscales attrayantes et des partenariats novateurs ». Doté d’importantes réserves d’hydrocarbures et de politiques progressistes, le pays attire les investissements d’entreprises énergétiques de premier plan, consolidant ainsi son statut de plaque tournante régionale pour la production et l’exploration énergétiques.

Le tout premier FPSO à consommation nette zéro du continent.
Le tout premier FPSO à consommation nette zéro du continent.

Les politiques « rigoureuses » de la Côte d’Ivoire ont permis aux compagnies pétrolières de mener à bien des projets de grande envergure. Le champ de Baleine, dirigé par ENI et la compagnie pétrolière nationale Petroci, constitue dès lors « un excellent exemple de ce qui est possible lorsque l’innovation rencontre une gouvernance efficace », écrit un compte rendu de l’AEC. Le champ produit actuellement plus de 22 000 barils par jour (bpj) et est prêt à s’étendre considérablement. Premier projet d’hydrocarbures net-zéro (scope 1 et 2) en Afrique, le projet progresse avec l’arrivée d’infrastructures critiques qui devraient porter la production à 60 000 bpj et ajouter 70 millions de pieds cubes de gaz très prochainement.

Le projet comprend le tout premier FPSO (unité flottante de production, photo ci-dessus) à consommation nette zéro du continent. « Cette approche durable est ce dont le continent a besoin », insiste l’AEC. Des entreprises telles qu’ENI utilisent des solutions à faible émission de carbone non seulement pour opérer, mais aussi pour donner la priorité à la décarbonisation. « Le partenariat de Petroci dans ce projet souligne son rôle central dans la réalisation des ambitions énergétiques de la Côte d’Ivoire. »

Dès lors, « la Côte d’Ivoire se positionne comme un phare de la croissance durable et inclusive », insiste l’AEC, qui milite pour qu’on n’oublie pas les énergies fossiles en Afrique.

Outre le champ de Baleine, ENI a fait une découverte importante en mars 2024 dans le bloc C1-205 (connu sous le nom de Calao) qui contiendrait jusqu’à 1,5 milliard de barils de pétrole. Cette découverte devrait générer des revenus substantiels et créer plus de 8 000 emplois. La Côte d’Ivoire prévoit de commencer à exploiter le gisement de Calao d’ici 2026, renforçant ainsi la sécurité énergétique et la croissance économique du pays.

Parallèlement à l’avancement des projets, la Côte d’Ivoire renforce également ses politiques en matière de potentiel local. Le gouvernement a récemment approuvé en principe la politique nationale de potentiel local en amont, qui vise à réduire la dépendance à l’égard de l’expertise étrangère en renforçant les capacités nationales. Cette politique fait actuellement l’objet de consultations dans toutes les régions, ce qui reflète l’engagement du pays à favoriser la souveraineté économique et à renforcer son secteur énergétique.

Le pays renforce également sa position grâce à des partenariats internationaux. En août 2024, le ministère ivoirien des mines, du pétrole et de l’énergie a signé des accords de partage de la production (PSA) avec ENI pour quatre blocs offshores, promettant un investissement de 80 millions de dollars dans l’exploration sur trois ans.

Un modèle de développement

De même, l’exploration à terre a été stimulée par la signature d’accords de partage de la production entre le ministère et Elephant Oil pour trois blocs, ce qui a permis de diversifier davantage le portefeuille énergétique de la Côte d’Ivoire et d’exploiter le potentiel d’hydrocarbures à terre.

Parallèlement, les campagnes d’exploration ont révélé des gisements substantiels dans tout le pays et des partenariats internationaux clés continuent de faire progresser le secteur pétrolier et gazier de la Côte d’Ivoire.

Les efforts de la Côte d’Ivoire pour se positionner en tant que centre régional du pétrole et du gaz vont au-delà de la production. Le ministère a identifié 26 blocs disponibles à la location et accélère la certification des réserves dans les blocs existants. Les opportunités en aval abondent également, Petroci étant le fer de lance de projets dans le raffinage et la pétrochimie. Notamment, la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR), la société nationale de raffinage de Côte d’Ivoire, joue un rôle central dans la satisfaction de la demande croissante d’énergie du pays, ce qui souligne l’importance du développement en aval pour soutenir la stabilité énergétique et la croissance économique à long terme.

« La Côte d’Ivoire n’est pas seulement un acteur clé du secteur de l’énergie en Afrique de l’Ouest, c’est aussi un modèle pour l’avenir du développement pétrolier et gazier en Afrique. Avec ses politiques progressistes, son engagement en faveur du potentiel local et sa volonté d’embrasser l’innovation, la Côte d’Ivoire se positionne comme un phare de la croissance durable et inclusive », résume NJ Ayuk, le directeur de l’AEC. « Il est essentiel de continuer à développer ces partenariats, d’investir dans les infrastructures et de veiller à ce que la croissance profite au pays et à l’ensemble du continent africain. »

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