S’endetter n est pas la meilleure solution pour l’émergence

On avait souvent reproché aux différents gouvernements, du président Abdoulaye Wade d’utiliser le grand boulevard ouvert par l’Initiative pays pauvres très endettés, pour entraîner le Sénégal dans un nouveau cycle d’endettement. Et l’un des reproches principaux à ce régime se résumait du fait que, les ressources financières engrangées par le biais de l’endettement, n’étaient pas utilisées de manière efficiente. Avec  le président Macky Sall, une autre manière de s’endetter a été inaugurée : maturité plus longue et taux d’intérêts très bas. Quoiqu’il en soit, on continue de s’endetter. Malgré tout ce que les tenants de l’actuel régime peuvent dire, on s’endette pour faire face à des urgences,  et non pas pour faire des investissements dans des projets porteurs. Cela se reflète sur le niveau de la dette. En effet, la dette publique du Sénégal a connu en une année une progression de 11.5%, passant 8231,8 milliards à 9176,3 milliards de FCFA en 2020.

Ceci n’est pas une bonne démarche, même si, l’on soutient au niveau gouvernemental que la dette du Sénégal reste soutenable. La question de la soutenabilité de la dette ne se pose plus. La question qui doit être posée, est bien celle de la sortie le plus rapidement possible de ce cercle de l’endettement, qui empêche notre économie de se développer. Quelles que  soient  en effet, les stratégies qui seront mises en œuvre, pour aller sur les marchés financiers, la seule finalité ne sera que l’augmentation de la dette du pays.

L’argent est disponible à travers le monde. Il suffit de demander pour que l’on soit servi. La preuve, la Côte d’Ivoire, un pays sur lequel plane des incertitudes quant à son avenir politique, a récemment pu lever un milliard d’Euros (655 milliards de FCFA) à un taux de remboursement de 5%. Ce n’est pas une performance en tant que telle, en dépit de tout ce que l’on peut dire. C’est juste,  parce que les bailleurs ne demandent qu’à prêter leur agent.  Ils ne courent aucun risque. Ils se feront remboursés.  Mais le hic, c’est que la Côte d’Ivoire sera  obligée pendant encore des années,  de maintenir dans son budget un Service de la dette , avec de l’argent qui aurait pu être utilisé ailleurs. C’est valable pour le Sénégal. C’est pourquoi, le fait pour certains dirigeants africains de profiter de la pandémie, pour demander des reports de d’échéances, de la part de leurs créanciers concernant le paiement de leur dette ne semble pas adéquat. C’est seulement un répit, qu’ils veulent s’aménager, afin d’exploiter  d’autres créneaux d’endettement auprès de bailleurs comme la Chine, par exemple. Emmanuel Macron a  récemment, évoqué cette façon de procéder par certains pays.

Les pays africains doivent changer de paradigme, dans leur choix d’endettement. Sinon, ils seront encore là à demander des annulations de dette, avec des conditionnalités dégradantes comme ce fut le cas,  il y a 30 ans avec l’Initiative PPTE. Il faut éviter de maintenir ainsi, le continent africain dans une dépendance continuelle vis-à-vis des autres, notamment les Occidentaux et les autres bailleurs, alors que l’Afrique regorge de potentialités pour peser dans l’avenir du monde.