L’Afrique subsaharienne peine à rattraper le retard pris au tournant des années 2020, malgré le recul de l’inflation et une – insuffisante – accélération de la croissance économique. La crise du Soudan pénalise l’ensemble de la région.
« La croissance économique en Afrique subsaharienne s’enlise. » Tel est le sentiment de la Banque mondiale, qui publie son rapport semestriel Africa Pulse. Pour s’en sortir, estime le rapport, le continent doit miser sur l’éducation.
L’adoption d’une « stratégie de croissance » est essentielle pour stimuler la productivité et créer des emplois. L’un des principaux piliers de cette stratégie est l’amélioration de la qualité de l’éducation afin de permettre à l’Afrique subsaharienne de tirer parti des grandes tendances.
La Banque mondiale prévoit une croissance de 3,0 % en 2024 en Afrique subsaharienne, contre 2,4 % en 2023, et une accélération à 4,0 % en 2025 et 2026. Des prévisions 2024 revues à la baisse de 0,4 point en six mois. « Cette baisse s’explique en partie par l’effondrement de l’activité économique au Soudan, causé par le conflit armé qui a détruit le capital physique et humain ainsi que les capacités de l’État, avec des répercussions négatives sur la sécurité alimentaire et des déplacements forcés plus importants », commente la Banque mondiale qui juge que « sans le Soudan », la région devrait connaître une croissance de 3,5 % en 2024.
La reprise de la croissance dans la région est principalement portée par la consommation privée et les investissements. La consommation privée devrait augmenter en 2024, car la baisse de l’inflation accroît le pouvoir d’achat des ménages africains. Les anticipations de réductions des taux directeurs, en Afrique et ailleurs, stimulent le climat des affaires et, par conséquent, les investissements.
Cela étant, en termes de revenu par habitant, la région a « à peine progressé », contrairement à la situation dans d’autres régions, constate la Banque mondiale qui indique que le revenu réel par habitant en 2024 est inférieur d’environ 2 % à son niveau de 2019. Le nombre de pauvres est passé de 448 milliards en 2022 à 464 milliards en 2024.
Point positif : l’inflation en Afrique subsaharienne devrait diminuer et passer de 7,1 % en 2023 à 4,8 % en 2024 et à 4,6 % en 2025 et 2026. La plupart des pays affichent des taux d’inflation faibles et en baisse, tandis qu’environ 30 % des pays ont un taux d’inflation élevé qui a déjà atteint son sommet ou qui continue d’augmenter.
Les soldes budgétaires continuent de s’améliorer dans tous les pays, bien qu’à un rythme plus lent, les pouvoirs publics s’efforçant de réduire les dépenses et d’accroître les recettes. Parmi les efforts couronnés de succès figurent l’amélioration du contrôle administratif des programmes de dépenses, l’élimination des « travailleurs fictifs » de la masse salariale, la mise en œuvre de réformes budgétaires, la rationalisation des incitations gouvernementales et des exonérations de la taxe sur la valeur ajoutée, la réforme des subventions (en particulier les subventions aux carburants), et la redéfinition des priorités des dépenses publiques vers des programmes à forte croissance et à fort effet multiplicateur sur l’emploi.
Un risque encore élevé de surendettement
Dès lors, le déficit budgétaire médian de la région devrait passer de 3,9 % du PIB en 2023 à 3,3 % du PIB en 2024 et à 2,9 % du PIB en 2025 et 2026. Cela étant, le service total de la dette continue d’augmenter en raison de l’accroissement des paiements d’intérêts résultant du passage d’un financement concessionnel à un financement par le marché. « Le lourd fardeau de la dette des gouvernements africains conduit à des compromis douloureux », reconnaît la Banque mondiale. Il réduit la marge de manœuvre budgétaire pour investir dans les priorités de développement, telles que le capital humain, l’énergie et les transports, et accroît leur vulnérabilité aux chocs, en particulier pour les pays ayant accès aux marchés mondiaux des capitaux et à d’autres sources de financement non concessionnelles. En conséquence, le risque de surendettement en Afrique subsaharienne reste élevé.
Et la Banque mondiale de conseiller : « La croissance économique pouvant atténuer les pressions exercées par le service de la dette, il est essentiel de veiller à ce que les investissements publics dans les infrastructures essentielles (énergie, transport et eau) et le capital humain (éducation et santé) atteignent leurs objectifs, fournissent des services, gagnent l’adhésion des citoyens et des gouvernements et contribuent à la croissance. »
Dès lors, l’adoption d’une « stratégie de croissance » est essentielle pour stimuler la productivité et créer des emplois. L’un des principaux piliers de cette stratégie est l’amélioration de la qualité de l’éducation afin de permettre à l’Afrique subsaharienne de tirer parti des grandes tendances telles que la transition démographique, les progrès des technologies numériques et l’évolution du monde vers une économie verte.
De plus, la transformation du système éducatif est nécessaire pour instaurer la compétitivité dans chacun de ces domaines sur le marché mondial. Cette transformation repose sur la mise en place d’un socle solide de compétences de base pour tous les enfants et sur l’acquisition par le personnel de compétences adaptées à une économie mondiale en constante évolution.
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