La cession de SGCI reste un défi, compte tenu notamment de son implantation dans une économie à fort potentiel.
Le groupe bancaire français Société Générale, lancé dans un programme de désengagement en Afrique, se heurtera à des arbitrages majeurs pour la cession de sa filiale en Côte d’Ivoire. Au-delà des enjeux politiques et de sa position dominante dans l’UEMOA, Société Générale Côte d’Ivoire (SGCI) présente un niveau de valorisation qui restreint sérieusement le nombre de repreneurs potentiels.
Contrairement au Maroc où Société Générale a cédé sa filiale au groupe Saham dans un marché bancaire mature, l’Afrique subsaharienne présente un contexte différent. Des solutions ont été trouvées pour des filiales plus modestes, notamment en République du Congo, au Tchad, au Mozambique, au Benin et au Togo. Mais la situation en Côte d’Ivoire s’annonce plus complexe.
SGCI, valorisée à environ 637 milliards FCFA (1,02 milliard $) en bourse, affiche un potentiel de croissance estimé à 32% par certains analystes. Son ratio cours/bénéfice suggère une marge de progression sur la BRVM d’Abidjan. Cela implique qu’au moment de la fixation du prix de vente, cette opportunité de plus-value sera prise en compte, ce qui devrait tirer les prix de cession vers le haut.
La performance financière auditée de SGCI en 2023 est notable, avec un bénéfice net en hausse de 30,1%, dépassant sa moyenne quinquennale de 16%. Selon des données consultées par l’Agence Ecofin, plusieurs indicateurs placent SGCI au-dessus de ses pairs internationaux. Le rendement des capitaux propres de 26,7% en 2023, combiné à une réduction de l’endettement, témoigne d’une gestion efficace. De plus, SGCI a régulièrement augmenté ses dividendes depuis 2018, renforçant son attrait pour les investisseurs.
Par ailleurs, la cession de SGCI reste un défi, compte tenu de son implantation dans une économie à fort potentiel. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et futur acteur majeur dans le pétrole, le gaz et l’or, offre des perspectives de croissance parmi les plus élevées d’Afrique subsaharienne. Une hypothèse forte serait qu’une piste de solution soit trouvée en Afrique du Sud. Plusieurs groupes bancaires de ce pays ont en ligne de mire l’Afrique de l’Ouest francophone et, de ce point de vue, Ecobank dont le premier actionnaire est le sud-africain Nedbank pourrait être un cas d’étude sérieux.
(Agence Ecofin)