Le bénéfice net de la BCEAO a été porté par une progression substantielle des revenus du refinancement des banques commerciales. Mais ce succès dissimule une liquidité en constante détérioration dans le secteur bancaire de l’UEMOA, quoique maitrisée pour le moment.
La BCEAO, qui agit en tant que banque centrale pour tous les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, est confrontée à un choix complexe dans la gestion des demandes de refinancement des banques commerciales. Par rapport à 2022, cette activité a contribué à accélérer la croissance de son bénéfice net qui, en 2023, a atteint 315,62 milliards fcfa, soit une hausse de 152%.
Plus précisément, les revenus d’intérêt générés par les activités de refinancement (329,4 milliards fcfa) ont augmenté de 112%. Ces revenus constituent le principal poste de création de revenus d’intérêt pour la BCEAO en 2023, représentant 59,4% du total. Cette source de revenus pour la banque centrale repose néanmoins sur le défi de liquidité qui continue de s’étendre au sein du secteur bancaire de l’UEMOA.
Dans un rapport publié le 17 avril 2024 sur la sous-région, le Fonds monétaire international (FMI) a souligné ces risques. Selon ses analyses, la liquidité s’est détériorée dans le secteur des banques, forçant celles-ci à dépendre plus fréquemment de la banque centrale pour accéder à des liquidités. La situation n’est pas uniforme dans tous les pays. Le Bénin, avec 12,4% d’actifs liquides dans le bilan des banques, est le plus affecté (selon des données de 2022), tandis que les banques maliennes s’en sortent mieux avec 31,5%.
« Le fait que les marchés de revente des titres publics ne soient pas très actifs, et que de nombreux dépôts soient concentrés dans peu de banques, complique la capacité de ces dernières à gérer efficacement les problèmes qui pourraient survenir d’un manque soudain de liquidités, et cela pourrait aggraver ces défis là où ils existent déjà », a indiqué le FMI.
Dans une économie où les ressources des banques sont très concentrées, il n’est pas exclu que de tels défis surviennent dans un contexte défavorable. Avec le recul des avoirs extérieurs nets, on a vu les excès de liquidité des banques de l’UEMOA chuter de plus de 250% à moins de 94%. De plus, les dépôts bancaires sont très concentrés dans la sous-région, avec une poignée de familles et de grandes entreprises détenant près de 75% des dépôts bancaires.
Pour ne pas asphyxier le secteur bancaire, certains experts estiment que la BCEAO devrait réduire ses principaux taux d’intervention sur le marché monétaire, peut-être en abaissant les taux de refinancement. Toutefois, l’institution tient à maintenir la stabilité de la monnaie et à contrôler l’évolution de l’inflation, bien que celle-ci soit principalement d’origine importée.
Une autre option, qui continue de progresser, est le développement du marché secondaire des titres publics. L’Agence UMOA-Titres, compétente pour organiser et gérer les emprunts sur titre des Etats de l’UEMOA sur le marché monétaire local, a indiqué qu’une plateforme plus dynamique est attendue d’ici la fin du premier semestre 2024. Elle devrait élargir les possibilités offertes aux banques de convertir plus facilement leurs actifs liquéfiables en cash.
(Agence Ecofin)