UEMOA : les actifs extérieurs nets se sont renforcés en janvier 2024, mais des risques subsistent

Pour le 25e mois consécutif, ces actifs extérieurs nets se dégradent malgré un recul plus lent depuis les pics de janvier, février et mars 2023. La BCEAO entrevoit une issue favorable d’ici 2025, mais les défis structurels des économies de l’UEMOA devront être réglés.

Les actifs extérieurs nets de l’Union économique et monétaire ouest-africaine se sont légèrement renforcés en janvier 2024, atteignant 2004,5 milliards fcfa (3,25 milliards $), contre 1149,2 milliards fcfa à fin 2023, selon les informations fournies par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), sans plus de détails sur les raisons de cette situation.

Il convient de rappeler qu’à la fin de l’année 2022, ces actifs extérieurs nets s’élevaient à 4458 milliards fcfa, marquant ainsi une confortable liquidité économique de la sous-région. Si la Banque centrale affirme avoir déployé des efforts de mobilisation de ressources extérieures au cours du troisième trimestre 2023, c’est également par son intermédiaire que s’est opérée la réduction du solde des actifs extérieurs nets.

La situation actuelle traduit un rythme de dépenses extérieures supérieur aux recettes au sein de l’UEMOA. L’inflation mondiale persistante et le niveau élevé du cours du dollar américain constituent les causes les plus directes de cette situation. Cependant, on ne peut négliger une allocation interne des ressources financières qui ne permet pas de résoudre le problème.

En 2023, par exemple, sur les 6309,6 milliards fcfa de nouveaux crédits accordés à l’ensemble des secteurs économiques de l’Union, la part réservée aux administrations publiques centrales pour soutenir principalement les budgets a atteint 3309,6 milliards fcfa, soit plus de la moitié. Cette répartition de la création monétaire n’est pas de nature à soutenir les secteurs productifs qui pourraient à moyen terme réduire les inégalités des échanges avec l’extérieur.

En 2023 comme en 2022, l’UEMOA a payé plus cher ses importations (27 495,3 milliards fcfa) qu’elle n’a encaissé de ses exportations (25 109,3 milliards fcfa), affichant ainsi un déficit commercial (perte commerciale) de l’ordre de 2386 milliards fcfa. Il convient de noter qu’au-delà du prix des marchandises, les pays de l’Union ont dû effectuer une dépense nette collective de 4474,8 milliards fcfa pour le transport de ces marchandises vers leurs ports.

Cependant, selon la BCEAO, cette situation n’est pas sans issue. Elle prévoit que les pays de l’UEMOA quitteront cette situation déficitaire du commerce extérieur, générant des gains qui devraient se traduire par une amélioration des avoirs extérieurs nets et le renforcement de la période de couverture des exportations par les réserves de change.

Ce scénario repose notamment sur le début de l’exploitation du gaz naturel par le Sénégal et le Niger, ainsi que sur les récentes hausses des prix du cacao, renforçant cette perspective positive. Néanmoins, ces aspects restent strictement conjoncturels et n’apportent pas une réponse durable au défi sous-jacent des économies de l’UEMOA, qui, à l’instar de nombreuses autres en voie de développement, continuent de bénéficier de façon marginale du commerce mondial, tout en payant cher les produits transformés.

(Agence Ecofin)

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