Le pétrole africain a besoin de capitaux privés

L’Afrique dispose de gisements importants et d’infrastructures de production attractives. Elle ne doit pas laisser cette manne au seul bénéfice des compagnies étrangères, jugent les lobbyistes du secteur.

 

Selon le classement de Trading Economics, le Nigeria domine toujours le classement des producteurs africains de pétrole, devant la Libye et l’Angola. En attendant le Sénégal et la Mauritanie, le Ghana (155 barils par jour) et la Côte d’Ivoire (29 barils par jour) complètent le classement propre à l’Afrique de l’Ouest.

« Nous nous engageons à susciter de nouveaux accords, projets et partenariats qui placent le contenu local et la sécurité énergétique au premier rang des priorités. »

Le Nigeria, qui a consenti de nombreux investissements ces dernières années, fait état de nombreux gisements et sa production atteint des sommets. Sur longue période (1973-2023), le pic aurait été atteint avec une production mensuelle moyenne de 2475 barils par jour, pour un minimum de 675 barils par jour.

Fin décembre 2023, le Nigeria affichait une production de 1335 barils par jour (BBL/D) ; la Libye de 1179 BBL/D, l’Angola de 1084 BBL/D. Suivent, sans surprise, l’Algérie (954 BBL/D) et l’Égypte (558 BBL/). Le Congo, le Gabon, le Soudan et le Tchad sont plus en retrait.

Ces chiffres montrent que le pétrole n’est pas négligeable pour les pays africains, même si leurs niveaux de productions sont très éloignés de ceux des États-Unis ou des pays du Golfe.

C’est dans ce contexte que la Chambre africaine de l’énergie (AEC), la voix du secteur énergétique africain, a conclu un protocole d’accord avec l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). En vertu de cet accord, les deux parties s’engagent à travailler ensemble pour améliorer la sécurité énergétique de l’Afrique, promouvoir le contenu local et veiller à ce que les entreprises africaines développent des capacités pour devenir des opérateurs de classe mondiale qui entreprennent des projets de plus en plus importants dans le secteur du pétrole, du gaz et de l’énergie de l’Afrique, détaille un communiqué commun.

À peine plus de la moitié de la population africaine a accès à l’électricité. Très souvent, cet accès est peu fiable et inabordable. Le reste de la population, soit plus de 600 millions de personnes, n’a pas accès à l’électricité et un nombre encore plus important, estimé à 900 millions, n’a pas accès à des combustibles de cuisson propres.

L’AEC et l’APPO reconnaissent conjointement que la demande d’énergie de l’Afrique ne cesse de croître et, en fin de compte, que les tentatives pour satisfaire cette demande de manière adéquate devront passer par le développement des capacités locales et régionales.

 

Susciter de nouveaux accords

Signature de l'accord entre la Chambre africaine de l'énergie et l'APPO, à Brazzaville (Congo).
Signature de l’accord entre la Chambre africaine de l’énergie et l’APPO, à Brazzaville (Congo).

Les entreprises africaines du secteur privé devront accroître leur capacité à générer les investissements nécessaires, ainsi qu’à acquérir les technologies et le savoir-faire requis pour mener à bien de grands projets pétroliers, gaziers et énergétiques sur le continent. En fin de compte, la production d’énergie en Afrique ne devrait pas être laissée aux seules compagnies pétrolières internationales et nationales.

L’accord permet à l’AEC de collaborer avec l’APPO pour améliorer l’industrie énergétique africaine en promouvant le développement du contenu local et africain, le commerce intra-africain de l’énergie, les investissements axés sur la technologie et les possibilités de partenariat dans l’ensemble du secteur pétrolier et gazier.

La Chambre africaine de l’énergie « croit fermement » au potentiel du secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires pour relever les défis du secteur du pétrole, du gaz et de l’énergie. Elle considère néanmoins que les gouvernements du continent doivent redoubler d’efforts pour offrir au secteur privé, aux investisseurs internationaux et locaux, un environnement favorable.

De son côté, l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), présidée par Omar Farouk Ibrahim, a été fondée en 1987 et a pour principal objectif de favoriser la coopération dans le domaine des hydrocarbures entre ses 18 pays membres et d’autres institutions mondiales afin de promouvoir l’utilisation du pétrole pour la sécurité énergétique et le développement durable.

« Nous nous engageons à susciter de nouveaux accords, projets et partenariats qui placent le contenu local et la sécurité énergétique au premier rang des priorités, ainsi qu’à veiller à ce que les décideurs politiques, les explorateurs, les prestataires de services et les institutions financières africains mènent le dialogue lors de l’African Energy Week 2024 et au-delà », promet Ayuk, président exécutif de l’AEC.

Le Magazine de l’Afrique

Author: admin