Les envois de fonds continuent de croître, à un rythme plus lent

En 2023, les flux vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont baissé pour la deuxième année consécutive (-5,3 %), principalement en raison d’une forte baisse des flux vers l’Égypte. Ceux de l’Afrique subsaharienne sont en hausse de 1,9%.

 

Les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont augmenté d’environ 3,8 % en 2023, ce qui représente un ralentissement par rapport aux gains élevés des deux années précédentes. Tels sont les conclusions du rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement publié ce 19 décembre 2023. Lequel juge « préoccupant » le risque d’une baisse du revenu réel des migrants en 2024, compte tenu de l’inflation mondiale et des faibles perspectives de croissance.

En 2023, les flux d’envois de fonds vers les pays concernés avoisinent 669 milliards de dollars, car les marchés du travail résilients des économies avancées et des pays du Golfe persique continuent de soutenir la capacité des migrants à envoyer des fonds dans leur pays d’origine.

Les taux de change fixes et les contrôles de capitaux détournent les envois de fonds vers la région des canaux officiels vers les canaux non officiels. En 2024, les flux d’envois de fonds vers la région devraient augmenter de 2,5 %, en Afrique subsaharienne.

Par région, les envois de fonds ont augmenté en Amérique latine et dans les Caraïbes (8 %), en Asie du Sud (7,2 %), en Asie de l’Est et dans le Pacifique (3 %), et en Afrique subsaharienne (1,9 %). Les flux vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont diminué pour la deuxième année consécutive (-5,3%), principalement en raison d’une forte baisse des flux vers l’Égypte. Les envois de fonds vers l’Europe et l’Asie centrale ont également diminué de 1,4% après avoir augmenté de plus de 18% en 2022.

Les États-Unis sont restés la principale source d’envois de fonds. Les cinq principaux pays destinataires des envois de fonds en 2023 sont l’Inde (125 milliards $), le Mexique (67 milliards $), la Chine (50 milliards $), les Philippines (40 milliards $) et l’Égypte (24 milliards $).

Les économies où les envois de fonds représentent une part substantielle PIB – soulignant l’importance des envois de fonds pour le financement des comptes courants et des déficits budgétaires – ne sont pas africains : il s’agit du Tadjikistan (48 %), des Tonga (41 %), des Samoa (32 %), du Liban (28 %) et du Nicaragua (27 %).

Sur la base de la trajectoire d’une activité économique mondiale plus faible, la croissance des envois de fonds vers les pays en développement devrait encore ralentir pour atteindre 3,1 % en 2024.

 

Le spectre de l’inflation

Le ralentissement de la croissance économique et la perspective d’un affaiblissement des marchés de l’emploi dans plusieurs pays à revenu élevé sont à l’origine de ces prévisions modérées. Parmi les autres risques à la baisse figurent la volatilité des prix du pétrole et des taux de change, ainsi qu’un ralentissement économique plus important que prévu dans les pays à revenu élevé.

« Pendant les crises, les migrants ont surmonté les risques et fait preuve de résilience pour soutenir leurs familles restées au pays. Mais l’inflation élevée et la faible croissance mondiale affectent les sommes qu’ils peuvent envoyer », résume Iffath Sharif, de la Banque mondiale. « Les marchés du travail et les politiques de protection sociale des pays d’accueil devraient inclure les migrants, dont les envois de fonds constituent une bouée de sauvetage vitale pour les pays en développement. »

Transferts vers les pays d'Afrique subsaharienne.
Transferts vers les pays d’Afrique subsaharienne.

 

Selon la base de données mondiale des prix des envois de fonds de la Banque mondiale, les coûts des envois de fonds restent toujours élevés, coûtant en moyenne 6,2 % pour envoyer 200 $ au deuxième trimestre 2023. Par rapport à l’année dernière, l’envoi d’argent vers toutes les régions était plus coûteux, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord étant l’exception. Les banques restent le canal le plus coûteux pour l’envoi de fonds (avec un coût moyen de 12,1 %), suivies par les bureaux de poste (7 %), les opérateurs de transfert d’argent (5,3 %) et les opérateurs de téléphonie mobile (4,1 %).

Ces dernières années, les envois de fonds vers les pays en développement ont dépassé la somme des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement, et l’écart se creuse.

« Les transferts de fonds sont l’une des rares sources de financement extérieur privé qui devraient continuer à croître au cours de la prochaine décennie. Ils doivent être utilisés pour mobiliser des capitaux privés afin de soutenir le financement du développement, en particulier par le biais d’obligations de la diaspora », commente Dilip Ratha, économiste en chef et auteur principal du rapport. « Les flux de transferts de fonds vers les pays en développement ont dépassé la somme des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement ces dernières années, et l’écart se creuse. »

 

Un atout précieux pour certaines économies

Une section spéciale du rapport décrit comment les fonds de la diaspora peuvent être mobilisés pour le développement et le renforcement de la position de la dette d’un pays. Les obligations de la diaspora peuvent être structurées de manière à puiser directement dans l’épargne de la diaspora détenue à l’étranger. De nombreux pays prévoient des dépôts de non-résidents pour attirer l’épargne de la diaspora. Cependant, contrairement aux obligations de la diaspora, cette épargne a tendance à être à court terme et volatile. Les flux futurs de transferts de fonds peuvent être utilisés comme garantie pour réduire les coûts des emprunts internationaux des pays en développement. En raison de leur importance par rapport à d’autres sources de devises, de leur nature anticyclique et de leur contribution indirecte aux finances publiques, les envois de fonds peuvent également contribuer à améliorer la notation souveraine d’un pays et sa capacité à rembourser sa dette.

Les envois de fonds vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord devraient à nouveau diminuer en 2023, chutant d’environ 5,3 % pour atteindre 61 milliards $ en 2023, principalement en raison d’une forte baisse des flux vers l’Égypte. En ce qui concerne l’Égypte, un écart important entre le taux de change officiel et le marché parallèle a probablement fait qu’une grande partie des envois de fonds n’a pas été enregistrée. Dans le même temps, les flux d’envois de fonds vers les pays du Maghreb ont enregistré une hausse, compensant une partie de la baisse.

L’envoi de 200 dollars dans la région a coûté 5,9 % en moyenne au deuxième trimestre 2023. En 2024, les flux d’envois de fonds devraient se redresser pour atteindre une hausse de 2,1 % sur la base d’un redressement attendu des flux vers l’Égypte, pronostique la Banque mondiale.

De leur côté, les flux d’envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient avoir augmenté d’environ 1,9 % en 2023 pour atteindre 54 milliards $, grâce à une forte croissance des envois de fonds au Mozambique (48,5 %), au Rwanda (16,8 %) et en Éthiopie (16 %). Les envois de fonds vers le Nigeria, qui représentent 38 % des flux d’envois de fonds vers la région, ont augmenté d’environ 2 %, tandis que deux autres bénéficiaires importants, le Ghana et le Kenya, ont affiché des gains estimés à 5,6 % et 3,8 %, respectivement.

Les taux de change fixes et les contrôles de capitaux détournent les envois de fonds vers la région des canaux officiels vers les canaux non officiels. L’envoi de 200 dollars dans la région a coûté 7,9 % en moyenne au deuxième trimestre 2023. En 2024, les flux d’envois de fonds vers la région devraient augmenter de 2,5 %.

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