Le document pays de la BAD recense les obstacles à la croissance de la Côte d’Ivoire, qui n’atteint pas son potentiel malgré les progrès enregistrés depuis dix ans. Les réseaux de transports, d’électricité seront améliorés, tandis que l’agriculture doit gagner en productivité.
La BAD (Banque africaine de développement) a deux priorités pour les cinq prochaines années, en Côte d’Ivoire : développer les infrastructures durables en soutien à la compétitivité de l’économie et au renforcement de l’intégration régionale, et soutenir le développement des chaînes de valeur industrielles et agricoles pour une croissance inclusive. Tel est le sens du « Document de stratégie pays 2023-2028 » que le Conseil d’administration de la BAD a approuvé, durant l’été.
L’objectif général de ce document, est « d’accélérer la diversification économique et la transformation structurelle de l’économie ivoirienne, afin de rendre la croissance plus inclusive, durable et résiliente aux chocs », explique Joseph Ribeiro, directeur général adjoint de la BAD pour l’Afrique de l’Ouest.
“Le 31 mars 2023, le portefeuille actif de la BAD en Côte d’Ivoire comprenait 45 opérations pour un financement de 2,42 milliards $, dans les transports (44 %), l’énergie (23 %), l’agriculture (18 %), la gouvernance (4,7 %), le social (5 %), les finances (2 %), l’eau et assainissement (2 %) et le secteur industriel (1%).”
Pour le premier domaine prioritaire, le but est de soutenir les efforts d’accélération de la transformation structurelle de l’économie ivoirienne, par la mise en place d’infrastructures durables et résilientes aux changements climatiques. La BAD va ainsi renforcer ses actions dans le développement du secteur routier, ainsi que quelques projets multinationaux (Burkina Faso-Côte d’Ivoire-Mali, Abidjan-Accra-Lomé-Cotonou-Lagos).
Par exemple, 209 kilomètres de routes et 46 kilomètres de pistes rurales seront réhabilitées, outre la construction de postes de contrôle juxtaposé à Prollo, Ninguni et Gbapleu (à l’ouest du pays). Cela permettra de réduire le temps de parcours moyen de 9 à 3 heures pour les véhicules, sur les routes du Programme de désenclavement des zones transfrontalières (phases1 et 2) et de la composante ivoirienne du Programme routier de l’Union du fleuve Mano. Le coût moyen d’exploitation des véhicules sera également réduit de 3,08 dollars par kilomètre à 0,81 $.
Un important programme routier
Les actions vont contribuer à l’ambition de la Côte d’Ivoire – « qui dispose d’une des économies les plus dynamiques d’Afrique », tient à préciser la BAD –, de se doter de 9 500 kilomètres de routes goudronnées (le linéaire actuel de routes revêtues est de 7500 kilomètres) et d’améliorer la proportion de routes revêtues en bon état de 34 % à 74 %.
Évoquant l’environnement du secteur privé en Côte d’Ivoire, la BAD note qu’en dépit des performances enregistrées, les principales contraintes demeurent. Et l’institution de dénoncer pêle-mêle les lourdeurs persistantes dans l’exécution des procédures administratives continuent de miner l’environnement des affaires et à ralentir les transactions, la persistance de la corruption dans les administrations publiques et le manque de transparence dans l’accès aux marchés publics, l’accès difficile au financement, notamment pour les PME, les difficultés en matière de transport, logistique et de connectivité numérique, la faible adéquation entre les compétences disponibles et les aptitudes spécifiques recherchées par les entreprises.
Dans le secteur énergétique, la BAD va contribuer à améliorer l’accès à l’énergie fiable et à moindre coût afin de permettre à la Côte d’Ivoire de réaliser son ambition d’être l’un des premiers marchés énergétiques en Afrique subsaharienne à l’horizon 2030. Il est ainsi prévu d’étendre et de densifier les réseaux de distribution dans les zones périurbaines, de renforcer le réseau de transport d’électricité, en vue d’accroître sa capacité de transit et de raccorder les nouvelles unités de production.
La Côte d’Ivoire entend porter de 95,1 % à 100 %, sa population ayant accès à l’électricité ; la contribution des énergies renouvelables dans le mix énergétique devrait passer de 37,1 % à 41 %.
S’agissant du second domaine prioritaire, la Banque prévoit de soutenir l’accélération de la transformation structurelle du secteur agro-industriel pour garantir la sécurité alimentaire, par l’amélioration durable de la productivité agricole et la transformation des produits agricoles et halieutiques.
Mieux adapter les ressources humaines
La stratégie de la BAD consistera à améliorer durablement la productivité et la compétitivité des chaînes de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques prioritaires (riz, maïs, manioc, noix de cajou, viande, mangue, maraîchage, aquaculture) et à réduire la pauvreté en milieu rural.
En effet, la BAD identifie, parmi les principales difficultés du secteur agricole, la faiblesse du niveau de productivité, du fait de la faible utilisation d’intrants agricoles. La Côte d’Ivoire souffre également d’un niveau insuffisant de la transformation locale des produits, ce qui limite la valeur ajoutée captée au niveau national.
La BAD observe l’« insuffisance de ressources humaines adéquates, de la recherche et développement, de l’innovation technologique et de l’encadrement dans le secteur agricole ». Et de regretter la pression et l’insécurité foncières, la forte dépendance aux importations de biens alimentaires (riz, maïs, viande) et l’inadéquation des systèmes de financement agricoles, de mécanisation, et d’appui aux PME, sans oublier le déboisement.
La mise en œuvre de cette priorité, l’agriculture, permettra de faire passer le taux de sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages de 22 % à 32 % et d’accroître la production de produits agricoles ciblés (riz, maïs, manioc) de 13,1 %.
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