Dans un environnement de plus en plus concurrentiel, les banques se lancent avec précaution dans les services numériques, ayant à cœur de fidéliser leur clientèle, donc de répondre à ses besoins, analyse le rapport sur la transformation numérique en Afrique.
Le magazine African Banker et Backbase, la grande plateforme de technologie financière, publient la troisième édition de leur rapport sur la révolution bancaire numérique en cours en Afrique. The African Digital Banking Transformation explore les principales tendances qui façonnent l’avenir de l’industrie bancaire et de l’inclusion financière sur le continent.
Le rapport de cette année s’appuie sur une enquête à laquelle a participé un nombre record de 153 banques de tout le continent. Dans un environnement macroéconomique défavorable, les banques africaines restent résistantes et s’engagent à investir dans la numérisation pour rester attractives dans le paysage concurrentiel d’aujourd’hui.
“Les banques ont encore un rôle énorme à jouer pour répandre l’inclusion financière, y compris dans les segments B-to-B et B-to-C. C’est pourquoi, selon les banquiers interrogés, il est essentiel et urgent de créer un environnement optimal pour mener à bien cette mission cruciale”.
La plupart des banquiers africains comprennent l’importance des changements technologiques clés, plus de 50 % des dirigeants interrogés considérant qu’il s’agit du facteur le plus important pour leurs activités. En outre, 19 % des banques considérées s’identifient comme « enfants du numérique », ce qui souligne encore l’importance de la transformation numérique pour l’avenir.
Le paysage du secteur financier devient de plus en plus compliqué ; les banques traditionnelles sont concurrencées par les banques numériques et par les Fintech ; l’argent mobile et les réseaux d’agences fournissant différentes alternatives.
Ce marché plus concurrentiel offre aux clients des options de plus en plus nombreuses, mais le paysage est encore plus compliqué par la coopération entre les Fintech et les banques. Les banques traditionnelles ont un avantage en matière de réputation, mais peuvent être confrontées à des coûts plus élevés en essayant de numériser les systèmes existants, tout en maintenant les réseaux de succursales.
C’est pourquoi le rapport analyse les avantages et les inconvénients des différents acteurs du secteur, tout en tenant compte de l’augmentation des taux de pénétration des services financiers et de la gamme croissante de services numériques proposés.
On parle beaucoup de la concurrence croissante des premières banques numériques, bien qu’elles soient relativement peu nombreuses en Afrique, surtout concentrées au Nigeria et en Afrique du Sud. Cependant, il est probable que d’autres émergeront au cours des prochaines années, tandis que l’adoption de la même Fintech par les néobanques peut remodeler complètement les banques traditionnelles, dans une stratégie de long terme.
Priorité à la banque de détail
Il appartient donc à toutes les banques, juge le rapport, de se préparer en offrant la commodité et les services numériques qu’une proportion croissante de clients commence à attendre, et également de faire des incursions dans l’immense réservoir de clients potentiels non bancarisés du continent.
Un deuxième élément du rapport se concentre sur les tendances technologiques clés qui façonnent l’avenir de l’écosystème bancaire en Afrique. L’année dernière, 74 % des banques interrogées désignaient la cybersécurité comme l’une des tendances les plus importantes qui façonneront l’avenir du secteur. Cette année, c’est l’intelligence artificielle qui est arrivée en tête.
Plus important encore, sur un continent où les taux de pénétration bancaire sont encore inférieurs à 50 %, les banques africaines ont réaffirmé l’importance de favoriser une plus grande inclusion financière sur l’ensemble du continent. Environ 50 % des banques interrogées ont désigné la banque de détail comme leur principale priorité pour 2023 et 2024, tout en désignant les applications de portefeuille mobile et les systèmes de paiement numérique comme la priorité la plus importante en matière de développement de produits pour les deux prochaines années.
Ainsi, le développement de plateformes numériques par les banques africaines est en cours, mais les progrès sont constants plutôt que révolutionnaires, observe le rapport. Beaucoup de banques limitent leurs dépenses, mais une proportion croissante d’entre elles recherche une expertise externe pour planifier et mettre en œuvre leurs stratégies numériques. Si la fourniture de services bancaires de base reste la priorité, un nombre croissant de banques élargissent la gamme de leurs services, en particulier en ce qui concerne les prêts numériques. On le sait, les banques ont encore un rôle énorme à jouer pour répandre l’inclusion financière, y compris dans les segments B-to-B et B-to-C. C’est pourquoi, selon les banquiers interrogés, il est essentiel et urgent de créer un environnement optimal pour mener à bien cette mission cruciale.
Une tendance particulière analysée dans cette enquête est l’« engagement bancaire ». Plutôt que de remplacer l’interaction humaine directe par des services numériques anonymes, la banque d’engagement cherche à utiliser la technologie numérique pour aider à construire des relations à long terme entre les institutions financières et leurs clients. Refusant de prendre le risque de l’isolement de ses clients, la banque place au contraire sa satisfaction au cœur du processus.
Ne pas rater la phase de préparation
Le développement de plateformes unifiées avec des expériences utilisateur transparentes aide à retenir les clients et à créer un attrait à long terme à l’égard des produits. Le rapport étudie deux cas spécifiques, la décision de la Mauritius Commercial Bank de développer une communauté de PME, puis de fournir une plateforme qui pourrait ensuite être déployée dans tous les segments de clientèle. Et le cas de la Standard Bank, qui reconnaissant la nature disparate de ses offres numériques, a décidé de créer une plateforme unique qui pourrait être adaptée à tous les segments et marchés au sein desquels elle opère. Dans les deux cas, les dirigeants expliquent combien la phase de préparation du projet est essentielle.
« Nous sommes ravis d’avoir collaboré avec IC Publications sur ce rapport qui est extrêmement important car il décrit les avancées prometteuses réalisées ainsi que les défis à venir », commente Matthijs Eijpe, vice-président régional EMEA chez Backbase.
« La capacité à personnaliser l’expérience bancaire est une attente clé des clients des banques aujourd’hui et les banques l’ont bien compris. Chez Backbase, nous pensons que les barrières à la banque numérique tombent mais que les prêteurs traditionnels sont toujours laissés derrière par des concurrents Fintech extrêmement et agiles. »
Responsable de la stratégie et du développement commercial d’IC Publications, Pedro Besugo considère que la demande d’informations fiables et actualisées sur les secteurs bancaire et financier africains « est à son plus haut niveau ». D’où le souhait du groupe de médias d’« apporter le soutien nécessaire aux entreprises et aux particuliers qui participent à une industrie qui remodèle l’avenir de l’économie du continent ».
Le Magazine de l’Afrique