Les gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement s’attaqueront à trois défis stratégiques lorsqu’ils se retrouveront le mois prochain pour les Assemblées annuelles du groupe, a déclaré Vincent Nhemielle, le secrétaire général du Groupe, lors d’une conférence de presse tenue le 20 avril.
Les défis auxquels l’Afrique se verra confrontée durant l’année à venir sont nombreux : financer une trajectoire de développement à faible émission de carbone, qui assure la croissance et l’inclusivité, tout en permettant d’atteindre les objectifs climatiques du continent ; placer l’adaptation aux changements climatiques au cœur des politiques économiques ; et libérer le potentiel de l’Afrique pour qu’elle puisse combattre l’insécurité alimentaire et se nourrir elle-même, a-t-il déclaré.
La conférence de presse, qui a eu lieu le 4 avril 2023, visait à donner une idée de l’ordre du jour des Assemblées annuelles, qui se déroulent en Égypte, du 23 au 26 mai 2023.
L’événement, qui s’est tenu dans un format hybride sous l’égide du secrétaire général, a permis aux journalistes d’en apprendre davantage sur les domaines d’intérêt lors de l’événement le plus important de l’année pour l’institution.
Cinq des vice-présidents de la Banque participaient à la conférence de presse, dont Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion du savoir ; Marie Laure Akin-Olugbade, vice-présidente chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services ; Solomon Qaynor, vice-président chargé du Secteur privé, des Infrastructures et de l’Industrialisation ; et Beth Dunford, vice-présidente chargée de l’Agriculture et du Développement humain et social.
M. Quaynor a fait observer que les gouvernements africains ont aujourd’hui une faible marge de manœuvre budgétaire, en raison des événements de type « cygne noir » qui se sont produits au cours des trois dernières années. Il s’agit notamment de l’impact de la Covid-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui ont, tous deux, des répercussions à l’échelle mondiale.
« La marge de manœuvre budgétaire de nos pays membres régionaux est vraiment limitée », a déclaré M. Quaynor. « Étant donné que nous devons toujours faire face aux impacts des changements climatiques, nous devons vraiment chercher des alternatives pour tirer parti d’une marge de manœuvre budgétaire limitée et trouver aussi des moyens innovants d’attirer les investissements du secteur privé ».
M. Quaynor a évoqué l’importance croissante accordée à la mobilisation des ressources au sein des pays africains. À titre d’exemple, il a cité le partenariat entre la Banque et le Forum africain des investisseurs souverains, conclu en juin dernier. Ce pacte constitue une étape importante pour accroître l’effet de levier des investissements, ainsi que pour rassurer les investisseurs internationaux désireux d’investir en Afrique, a-t-il déclaré. Les actifs gérés par les fonds souverains africains, les fonds de pension africains et les pools d’assurance-vie africains sont estimés à plus de 2 000 milliards de dollars, selon M. Quaynor.
M. Urama a indiqué que les Assemblées annuelles comporteraient cinq événements du savoir. L’un d’eux sera consacré aux efforts déployés pour tirer parti du secteur privé pour combler le déficit de finance climatique de l’Afrique, ce qui s’inscrit dans le cadre du thème de ces Assemblées 2023 : « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique. »
Un dialogue présidentiel doit également se tenir entre les chefs d’État africains et le président de la Banque sur l’évolution de l’architecture financière mondiale, a indiqué M. Urama. Les échanges devraient porter sur l’évolution du rôle que les banques multilatérales de développement sont appelées à jouer pour galvaniser des financements plus robustes en faveur des objectifs d’action climatique de l’Afrique.
A l’instar des années précédentes, les Assemblées annuelles seront marquées par le lancement du rapport Perspectives économiques en Afrique 2023, a ajouté M. Urama. Cette publication phare de la Bnque, qui abordera le même thème, examinera les moyens d’exploiter l’abondant capital naturel de l’Afrique – rivières, côtes et tourbières notamment – pour favoriser son développement et sa croissance économique.
Mme Dunford a souligné les efforts que la Banque a récemment déployés pour renforcer la sécurité alimentaire en Afrique, que viennent compliquer, non seulement des chocs extérieurs, mais également des phénomènes climatiques comme les cyclones, les inondations et les sécheresses.
En janvier 2023, lors d’un sommet organisé par la Banque et le gouvernement du Sénégal, les partenaires au développement ont convenu d’engager ce qui est, depuis, passé à 70 milliards de dollars, pour stimuler la productivité agricole et renforcer la détermination de l’Afrique à devenir le grenier mondial.
« 65 % des terres arables non encore cultivées dans le monde se trouvent en Afrique ; il y a un énorme déficit de rendement et donc un énorme potentiel d’augmentation de la productivité de l’agriculture existante et de réelle transformation de l’agriculture pour améliorer la chaîne de valeur et accroître la valeur ajoutée des cultures produites en Afrique », a déclaré Mme Dunford.
Les cadres dirigeants de la Banque ont répondu aux questions des journalistes sur un large éventail de sujets. Concernant la position de la Banque en matière de corruption, Mme Akin-Olugbade a indiqué que celle-ci appliquait une tolérance zéro. « Elle soutient les pays africains dans la lutte contre la corruption en amont et en aval, en les aidant à renforcer la bonne gouvernance, à mettre en place des outils pour rendre des comptes aux citoyens, à réaliser des audits et à développer un système judiciaire efficace, capable de sanctionner les actes de corruption », a-t-elle ajouté.
D’autres questions ont porté sur les initiatives de la Banque pour atténuer l’impact des crises de ces dernières années, sur les impôts qui contribuent à l’entretien des infrastructures et sur le statut des droits de tirage spéciaux du FMI dont disposent les pays africains.
Les Assemblées annuelles sont l’événement statutaire le plus important de l’année pour le Groupe de la Banque africaine de développement, attirant quelque 3 000 participants. Les 58e Assemblées annuelles du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement et les 49e Assemblées du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement se tiendront au Centre international de conférences de Charm el-Cheikh, du 22 au 26 mai 2023.
BAD