UEMOA – Marché des titres publics : la Côte d’Ivoire et le Togo inversent les tendances des souscriptions

 Après avoir raté plusieurs sorties en ce début d’année, la Côte d’Ivoire et le Togo ont conclu avec succès leurs incursions sur le marché des titres publics par adjudication, la semaine dernière. Une lueur d’espoir sur ce marché sous pression depuis plusieurs semaines.

La Côte d’Ivoire et le Togo ont respectivement mobilisé 68 milliards FCFA et 32 milliards FCFA les 6 et 7 avril derniers sur le marché des titres publics par adjudications, organisé par Umoa-titres. Les deux opérations marquent une rupture avec un premier trimestre 2023 où seulement 67% des titres émis par les gouvernements de l’UEMOA avaient reçu des souscriptions des investisseurs.

Mais il faudra encore attendre la réalisation d’autres opérations pour savoir si les autres indicateurs qui font ressortir une baisse de la dynamique sur ce marché des capitaux se sont eux aussi améliorés. Pour les trois premiers mois de cette année, les maturités moyennes ont été de 1,2 an, contre un peu plus de 4 pour la même période en 2022. Les opérations actuellement analysées ne font pas mieux que cette tendance.

Les titres émis par la Côte d’Ivoire étaient composés de deux Bons assimilables du Trésor (BAT) de 182 jours et 364 jours. Dans le cas du Togo, les obligations assimilables du Trésor (OAT) ne constituaient que 40% de la demande et le reste des 60% étaient sous la forme de BAT à 182 jours. Ainsi, les investisseurs continuent d’afficher leurs préférences pour les titres de très courtes maturités émis sur le marché en ce début d’avril.

Cette tendance pourrait indiquer une certaine prudence des investisseurs, car les titres à échéances courtes présentent un risque de taux et de crédit moindre. Selon la théorie des allocations de ressources financières, les investisseurs dans un contexte de remontée des taux directeurs par une banque centrale, cherchent généralement à minimiser leur exposition aux risques en privilégiant des titres de très court terme, qui ont une durée plus courte et sont donc moins sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt.

Aussi, la perception du risque continue d’être au cœur des décisions d’investissement. Le Mali n’a réussi à mobiliser que 10,4 milliards FCFA sur les 35 milliards FCFA qu’il cherchait à obtenir au cours d’une opération menée le 5 avril dernier.

Le marché des capitaux de l’UEMOA traverse actuellement une crise de liquidités, dont les facteurs réels sont difficiles à déterminer. Mais les perturbations constatées vont de pair avec des changements survenus sur la politique de refinancement de la banque centrale.

Le gouverneur de la BCEAO a annoncé en février une reprise des adjudications à taux variables sur ses guichets d’appels d’offres hebdomadaires et mensuels. Cette décision avait suscité un vent de panique au sein des banques, principaux investisseurs du marché des capitaux de l’UEMOA, et qui avaient bénéficié d’un excès de liquidités grâce au système d’injection à taux fixe pendant toute la période de la pandémie de Covid-19. Pour les Etats, le gap sur les ressources qu’ils avaient prévu de mobiliser est de plus de 780 milliards FCFA (environ 1,3 milliard $) au premier trimestre.

(Agence Ecofin)

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