Le roi Mouhamed VI du Maroc
Le rayonnement économique du Maroc et la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental ont toujours été des objectifs stratégiques pour le Roi Mouhamed 6. Il n’est donc pas étonnant que le souverain marocain saute sur la première occasion qui lui est offerte d’atteindre ses objectifs. Même si, son pays se mettra peut-être à dos des millions de musulmans et d’Arabes.
Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts à défendre disait souvent Abdoulaye Wade, l’ex président du Sénégal, quand il fallait justifier certaines de ses positions. Cela peut s’appliquer à la récente décision du Royaume chérifien de rétablir ses relations diplomatiques avec Israël. Au vu des actes que le roi du Maroc a posé, depuis qu’il a remplacé son père à la tête du royaume, tout porte à croire qu’il ne fait que suivre une logique qu’il s’est imposé depuis le départ : défendre et gérer par tous les moyens, les intérêts du Maroc.
Bloqué au Nord, il se retourna vers le Sud
C’est un secret de polichinelle, entre le Maroc et son puissant voisin du Nord, l’Algérie ce n’est pas le grand amour. Cette animosité entre ces deux pays arabes est même à l’origine de l’échec du grand Maghreb Arabe-uni. Ce blocage a empêché au Maroc de s’ouvrir vers d’autres pays et l’a donc poussé à se tourner vers ses voisins de l’Afrique noire.
D’abord ce fut l’installation de sa puissante banque Attijariwafa Bank dans plusieurs pays africains, avant d’ouvrir , par des voyages officiels du monarque marocain, un peu partout en Afrique, les portes du continent à ses hommes d’affaire et enfin l’introduction d’une demande en bonne et due forme pour une intégration comme Etat membre dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Il faut rappeler que le nouveau partenaire du Maroc, Israël a voulu saboter cette entreprise. En effet, l’Etat hébreu savait bien qu’un Royaume du Maroc, allié économique privilégié des pays d’Afrique de l’Ouest et leader dans le monde arabe serait un redoutable adversaire. Il y a aussi eu le retour du Maroc à l’Union africaine, en janvier 2017.
C’est donc de la part du Royaume Chérifien une stratégie bien réfléchie. Le Maroc est quoique l’on puisse dire une puissance politique. C’est une économie émergente avec une production que ne peut aspirer sa population. Il faut qu’elle s’exporte à l’extérieur. L’Afrique noire est donc un bon territoire pour cet exercice, car la proximité géographique constitue un atout de même que les bonnes relations que le roi Mouhamed 6 a su intelligemment tisser avec les dirigeants de ces pays, tout au long de son règne.
La souveraineté sur la Sahara occidental
La défense de ses intérêts se manifeste beaucoup plus sur ce dossier de la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara Occidental. Les positions du Maroc sur les relations entre Israël et les pays arabes ont toujours été très claires. Le roi Mouhamed 6, en tant que président du Comité Al Qods (Jérusalem) a été au-devant du combat que les pays arabes ont mené pour la défense du peuple palestinien à disposer d’un Etat et à jouir de tous leurs droits. Pour preuve quand, Donald Trump a décidé du transfert de l’Ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, le Roi du Maroc avait tenu à manifester au Président des Etats-Unis, dans une lettre « sa profonde préoccupation personnelle, ainsi que la grande inquiétude ressentie par les États et les peuples arabes et musulmans suite aux informations récurrentes sur l’intention de votre administration de reconnaître Al Qods comme Capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade des États-Unis ». Seulement voilà, en échange d’une reprise de ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, le Royaume du Maroc a eu comme récompense, la reconnaissance par la première puissance mondiale, de sa souveraineté sur le Sahara occidentale. L’amitié et la solidarité entre musulmans et au-delà entre arabe ont été sacrifiées sur l’autel des intérêts stratégiques du Maroc. Le Roi a-t-il eu tort de prendre une telle décision ? En tout cas d’autres pays l’ont fait avant le Maroc. Et pour certains comme le Soudan, cela leur a permis d’être rayé de la liste noire des pays que les Etats-Unis considèrent comme soutenant le terrorisme, avec toutes les conséquences que cela engendrent. Ce monde est plus que jamais un monde dans lequel les intérêts du moment dictent le plus souvent les choix politiques et économiques.
Aliou Kane Ndiaye