Hausse des taux par la Banque centrale européenne: les impacts possibles pour les pays de la zone CFA

La décision de la BCE de relever ses taux entraînera des conséquences pour les pays africains utilisant le FCFA. Mais au-delà des bons ou des mauvais points, la coopération entre les deux monnaies est désormais influencée par les récentes évolutions économiques dans le monde.

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé le jeudi 9 juin, de suspendre ses achats de titres d’emprunts et de relever ses principaux taux directeurs. Même s’ils n’ont pas été consultés, cette initiative aura des implications sur les pays de l’UEMOA et de la CEMAC qui utilisent le franc CFA. Ces deux sous-régions entretiennent une coopération monétaire historique avec la zone Euro.

Comme première implication, l’objectif recherché par la BCE pourrait profiter à plusieurs pays de la zone franc CFA. En augmentant ses taux, la BCE espère en effet faire reculer l’inflation qui dans la zone euro a atteint les 6,8%, selon des statistiques récentes. Les perspectives sur cet indicateur sont à la baisse pour les années 2022 et 2023.

Toutefois, l’une des conséquences de l’inflation en Europe a été la perte de la valeur de sa monnaie face au dollar américain, entraînant de fait, une dépréciation du FCFA face à la monnaie américaine, en raison de la parité fixe à l’euro. Avec un dollar plus cher et des prix en hausse partout dans le monde, le marché européen devient un point d’achat compétitif. Si l’inflation y est contenue, on devrait assister à une augmentation des importations de la zone CFA sur la zone euro.

La deuxième implication concerne la rémunération des réserves de change. Avec des taux d’intérêt presque à zéro, le compte des opérations logé dans les livres du Trésor public de France constituait un placement idéal, car rémunéré à 0,75%. D’ailleurs, on a pu noter que le rapatriement par la BCEAO (UEMOA) de ses avoirs en devises du compte des opérations pour les placer sur le marché a réduit ses revenus et ses bénéfices en 2021.

Malgré un taux d’intérêt garanti, les revenus du principal compte des opérations de la BEAC ont aussi reculé en 2021, mais pour une raison différente. Les réserves de change de la CEMAC étaient elles aussi en diminution sur tous les trimestres, selon des informations communiquées par cette Banque centrale. Les deux sous-régions pourront profiter d’un ralentissement de l’inflation en zone euro, cependant, la rentabilité de leurs réserves de change prendra une trajectoire différente.

On peut s’attendre à ce que la BCEAO qui place désormais ses réserves de change sur les titres d’emprunts de pays ayant la meilleure note des agences de notation se retrouve avec plus de revenus d’intérêts, en raison de la nouvelle tendance à la hausse des taux sur les marchés des capitaux des pays développés. La BEAC quant à elle pourrait aussi connaître une légère hausse des revenus sur ses réserves de change, mais davantage parce qu’elles ont augmenté en valeur, depuis 2021.

Jusque-là, les discussions sur la coopération monétaire concernant le franc CFA se sont toujours tenues sous le prisme de l’idéologie, et parfois de la politique et les stratégies d’influence. Au cours des cinq dernières années et au-delà de certaines évolutions notamment en Afrique de l’Ouest, la pertinence économique s’empare de ce débat, et les premières réponses nécessitent une évolution dans les argumentaires.

(Agence Ecofin)

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