A son arrivée au pouvoir en avril 2012, Macky Sall avait hérité d’un déficit budgétaire de 6,7%. L’économie sénégalaise venait de traverser une crise économique, financière et énergétique sans précédent. Heureusement, pour le nouveau régime, cette situation difficile commençait à se dissiper avec la baisse du prix du baril de pétrole, ainsi que les effets de la crise économique et financière. Ce qui a donné l’opportunité à Macky Sall d’embrayer sur un boulevard totalement dégagé.
En réalité, les mesures sur le plan énergétique avec le plan Takkal se sont vite révélées efficaces et le retour à la normale sur le plan international a fait le reste. Depuis lors, les gouvernements Sall ont navigué dans un océan économique tranquille. On a souvent bombé le torse, en relatant les performances que l’économie sénégalaise était en train de réaliser en termes de croissance, de réduction du déficit budgétaire et de maîtrise de l’inflation. Et si tous ces points positifs n’étaient en fin de compte, que la résultante de cette situation paisible qui a caractérisé cette période. Cela y ressemble fort. Car, la situation actuelle avec ces chocs exogènes, ressemble beaucoup à celle que l’économie sénégalaise a traversée à la fin du règne d’Abdoulaye Wade. Il a subi dans un premier temps parce qu’il n’avait pas une maitrise de la situation. Cette incapacité a rapidement trouvé des alternatives face à la crise fait partie d’ailleurs des raisons qui ont participé à son départ.
Aujourd’hui, le même scénario se dessine. Le gouvernement est en train de chercher des solutions à une crise qui lui est tombée sur la tête. Avec le vote de la loi de finance rectificative, « pour intégrer des dépenses supplémentaires de subventions à l’énergie, de salaires de la fonction publique, des transferts monétaires aux couches les plus vulnérables de la population et de sécurité nationale », le déficit budgétaire sera à 6,2 % du PIB, contre 4,8 % du PIB dans la loi de finances initiale. Conséquence, retour à la case de départ.
Du côté de l’inflation, le taux sera de 5,5% pour 2022. En dépit de toutes les mesures prises pour empêcher les prix de grimper (renoncement aux impôts, aux taxes douanières etc.), la situation est loin d’être maitrisée. Au contraire, tout semble indiquer qu’on navigue en eaux troubles. Seule la croissance semble résister à cette difficile situation même si, elle a été revue à la baisse. Dans le communiqué qu’ils ont rendu public à l’issue de leur visite, la mission du Fonds Monétaire Internationale (FMI) indique qu’avec les autorités sénégalaises, les Services du FMI ont convenu d’un ensemble de mesures pour éviter les dérapages budgétaires et garantir que le déficit des finances publiques converge vers sa cible de 3 % du PIB d’ici 2024.
Un objectif qu’il sera difficile d’atteindre dans un contexte où, le Sénégal n’a aucune maitrise de la situation et continue à recourir aux marchés financiers pour financer ses déficits, augmentant du coup son endettement. Le vendredi 20 mai 2022, le Sénégal a encore emprunté 35 milliards de FCFA, sur le marché des titres publics de l’UMOA.
On a remarqué également que le FMI qui a souvent indexé les subventions, notamment sur l’énergie n’a pas abordé la question cette fois-ci. En tout cas, pas directement. Peut-être, à cause du caractère sensible de la question en cette veille d’élections législatives. Toutefois, même en cette période pré-électorale très tendue, on ne devrait pas s’aventurer à opter pour des solutions qui pourraient après enfoncer le Sénégal dans une crise où elle mettra des années à ressortir.