POLEMIQUE SUR LE SUCRE Au nom de l’intérêt national !

En dépit de toute la polémique qui entoure la question du sucre au Sénégal, il faut bien reconnaître que la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), ne peut pas encore satisfaire totalement la demande sur le marché.

C’est pourquoi en accord avec le gouvernement, il a été décidé de  recourir à l’importation, afin de combler le gap de production de la CSS. Ce gap est ainsi divisé en deux. La CSS importe une partie et l’autre partie est confiée aux commerçants. Mais, il arrive parfois que l’importation ne soit pas favorable en raison des prix pratiqués sur le marché international. Les commerçants importent donc selon la conjoncture.

Dans la commercialisation du sucre au Sénégal, les commerçants sont beaucoup plus flexibles en termes de démarches et de procédures, contrairement à la CSS. En effet, pour acheter du sucre au niveau de la Compagnie sucrière, il faut faire le déplacement à Richard Toll, car la CSS ne dispose pas de dépôts de stockage à Dakar.  Ensuite, il faut  passer  la commande auprès de la CSS, déposer l’argent au niveau de la banque et attendre une quinzaine de jours. Tel n’est pas le cas au niveau des commerçants. Il est beaucoup plus facile de se faire servir, quand il s’agit des commerçants.  La CSS doit  mieux servir la clientèle et ouvrir des dépôts de stockage à Dakar. Elle doit agir sur le prix en appliquant une baisse sur les tarifs.

En tout cas, depuis 2012, avec la seconde alternance, les commerçants, notamment ceux regroupés au sein de l’Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal (UNACOIS), ont bien la côte au niveau du Département en charge du Commerce. Leur apport dans l’élection du président Macky Sall a été bien récompensé.  Ils ont aidé le président nouvellement élu à tenir ses promesses, concernant la baisse des prix des denrées de première nécessité dont le sucre fait partie. C’est depuis 2012 en effet, que les déclarations d’importation de produits alimentaires ont commencé à être gérées  directement au niveau de la primature avec le Premier ministre Abdoul Mbaye.

La protection de l’industrie

La CSS est incontestablement un géant de l’industrie sénégalaise. Il fait d’ailleurs partie des derniers Mohicans. Il doit dès lors être protégé. Sa contribution au produit intérieur brut (PIB) est inestimable. La Compagnie Sucrière sénégalaise emploie plus de 8000 personnes, entre les mois de novembre et juin et contribue par dizaine de milliards au budget de l’Etat, par le biais des taxes qu’elle verse chaque année à l’administration fiscale. Cette Compagnie fait vivre tout une ville : Richard Toll. Elle l’approvisionne  en eau et en électricité et emploie ses enfants. Tel n’est pas encore le cas des commerçants de l’UNACOIS. Ces derniers malgré des critiques souvent acerbes portées sur la CSS,  n’ont pas  jusqu’à présent lancé une industrie produisant du sucre. C’est aussi le cas du milliardaire nigérian Aliko Dangote qui dispose pourtant de terres exploitables, mais il  tarde à s’engager. Pour le moment, seul la CSS est là et investit pour garantir l’autosuffisance en sucre. Cependant, si cette situation sur les importations n’est pas bien gérée, un géant pourrait tomber et entraîner dans sa chute des pans entiers de l’économie sénégalaise.

La tutelle doit avoir de l’autorité et jouer la carte de la transparence

Dans les attributs du ministère du Commerce, il y a la fonction de contrôle et celle de la sanction. Les agents de ce ministère doivent dès lors avoir de l’autorité et être transparents. C’est seulement ainsi qu’ils pourront se faire respecter aussi bien par les industriels que par  les commerçants.

La protection d’une carrière politique est difficilement conciliable avec les fonctions de chef du Département du Commerce. Les tentations sont tellement énormes que le risque est grand de succomber,  aux offres d’industriels et de commerçants milliardaires parce que les intérêts en jeu sont importants.