Les services du Fonds Monétaire International (FMI) qui ont séjourné au Sénégal du 09 au 15 mars, sous la tutelle d’Edward Gemayel, ont échangé avec le gouvernement sénégalais sur plusieurs sujets. Il s’agissait de dresser le bilan de l’évolution économique récente, évaluer les répercussions économiques de la guerre en Ukraine et des sanctions contre le Mali, et examiner la progression des réformes appuyées par l’instrument de coordination de la politique économique, l’accord de confirmation et la facilité de crédit de confirmation, liste un communiqué.
Ainsi au chapitre des conclusions de l’équipe du FMI, notamment après les rencontres avec Abdoulaye Daouda Diallo, Ministre des Finances et du Budget, Mme Sophie Gladima, Ministre de l’Énergie, ainsi que des représentants des milieux d’affaires et de la société civile, Edward Gemayel soutient que « l’économie sénégalaise a retrouvé en 2021 sa trajectoire de croissance d’avant la pandémie, grâce à la vigueur de la production industrielle et du secteur des services ». Il annonce que la croissance du PIB réel est estimée à 6,1 % en 2021, soit environ un point de pourcentage de plus que prévu et que l’inflation moyenne a été maîtrisée à 2,2 %, même si les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2,9 %. Selon le chef de la délégation des services du FMI, « malgré des recettes fiscales inférieures aux attentes, l’exécution du budget a été, dans l’ensemble, en ligne avec les objectifs, avec un déficit budgétaire global de 6,3 % du PIB ».
Toutefois, il indique que la guerre en Ukraine assombrit les perspectives macroéconomiques. Dans son argumentaire, Edward Gemayel souligne que « la hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et de l’énergie s’ajoute aux défis actuels de la politique économique, y compris les séquelles de la pandémie, l’insécurité régionale et l’augmentation des revendications sociales à l’approche des élections législatives de juillet ». Il poursuit pour dire que « tous ces éléments accroissent les risques de ralentissement de la croissance économique et se traduiront probablement par une aggravation des pressions inflationnistes et une augmentation considérable des dépenses publiques ».
Des efforts à faire par l’Etat du Sénégal
Sur le tableau dressé à l’issue de la visite, les services du FMI décrivent que l’espace budgétaire du Sénégal s’est nettement rétréci avec l’augmentation soutenue de la dette publique au cours des dix dernières années, lié notamment à l’amplification des investissements publics. Selon le FMI, comme les ressources sont limitées, il sera essentiel d’améliorer la mobilisation de recettes, de rationaliser et mieux cibler les subventions et de revoir l’ordre de priorité des dépenses, afin d’éviter de grands dérapages budgétaires et de préserver la viabilité de la dette.
Toujours sur ce chapitre des efforts à faire, le FMI estime que le renforcement de la résilience de l’économie dépendra de la poursuite de réformes structurelles clés, en particulier celles visant à accélérer la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme. Le FMI invite l’Etat du Sénégal à opérationnaliser le nouveau cadre budgétaire régissant l’utilisation des recettes tirées des hydrocarbures, préparer une feuille de route pour l’élimination progressive des subventions à l’énergie, tout en améliorant le mécanisme actuel de protection des personnes les plus démunies et réviser le cadre juridique des marchés publics, afin d’augmenter la fréquence des appels d’offres ouverts et concurrentiels.
Moustapha DIA