Le monde économique à l’échelle de tous les continents est de plus en plus confronté au blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Dans cette lutte pour réduire à une portion congrue le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, à l’échelle sous régionale, comme dans un pays comme le Sénégal, des orientations sont déclinées pour venir à bout de ce fléau du 21ème siècle.
Pour l’acception, l’on retiendra que le blanchiment de capitaux consiste à retraiter des produits d’origine criminelle pour en masquer l’origine illégale, de manière à légitimer des biens mal acquis. Cette définition du Groupe d’Action Financière (GAFI), organisme international en charge de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (LBC/FT), démontre les relents déséquilibrants du phénomène. Ainsi, selon Momar Diop, président du Conseil d’orientation de l’OQSF (Observatoire de la Qualité des Services financiers) du Sénégal, qui s’exprimait lors d’une rencontre dédiée à la Formation des journalistes du COJES (Collectifs des Journalistes économiques du Sénégal), « plusieurs actions ont été engagées au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ». Il cite la création en novembre 2000, du Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment de l’Argent en Afrique (GIABA), basé à Dakar, chargé de promouvoir les législations anti-blanchiment et de faciliter la coordination des activités des Etats membres de la CEDEAO dans ce domaine. D’après Madické Niang, Chargé du suivi-évaluation au sein du GIABA, en 1987, les Nations-Unies ont évalué à 300 milliards de dollars US, les revenus du trafic de drogue. Il cite une autre statistique beaucoup effarante, qui indique qu’en 2009, les trafiquants de drogue auraient blanchit, la rondelette somme de 1600 milliards de dollars US, soit 2,7% du PIB mondial, selon un rapport publié par l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Il ajoute que ce chiffre est dans la fourchette de 2 à 5 % du PIB mondial, établi par le FMI, qui estime ainsi l’ampleur des opérations d’argent à travers le monde.
Impacts du blanchiment de capitaux sur les systèmes financiers
D’après le GIABA, les banques qui accueillent les fonds des blanchisseurs courent le risque de liquidité du fait de l’instabilité des fonds en garde. Pire, ces banques laxistes en matière d’application des normes de la lutte contre le blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, ne peuvent établir des relations de correspondants bancaires, explique Madické Niang du GIABA. Par ailleurs, à l’échelle des Nations, il mentionne qu’un « pays qui présente des défaillances importantes de son dispositif LBC/FT est inscrit sur la liste des PTNC du GAFI (liste grise ou liste noire), et est considéré comme pays à risque pour le secteur privé et les investisseurs étrangers ».
Au Sénégal, le président du Conseil d’Orientation de l’OQSF informe que la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), créée par la loi uniforme n°2004-09 du 06 février 2004, joue un rôle majeur dans le dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Pour Habib Ndao, Secrétaire Exécutif de l’OQSF, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont des délits financiers qui ont des effets économiques nuisibles, car ils peuvent « saper l’intégrité et la stabilité des institutions et systèmes financiers, dissuader les investisseurs étrangers et perturber les flux de capitaux internationaux ». Le Secrétaire Exécutif de l’OQSF soutient que, les deux fléaux peuvent également avoir des conséquences négatives « pour la stabilité financière et les résultats macroéconomiques d’un pays, et partant, entraîner des pertes de bien-être, détourner les ressources d’activités économiques plus productives et même avoir des retombées déstabilisatrices sur l’économie d’autres pays ». C’est pourquoi, il est d’avis que des dispositifs efficaces de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont « essentiels pour protéger l’intégrité des marchés financiers et systèmes économiques ». D’après lui, Les actions de sensibilisation de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement terroriste « constituent donc non seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité économique ».
Moustapha DIA