Les bénéfices ont chuté, mais le capital « Tier 1 » a augmenté de 10,9% pour atteindre 124,5 milliards de dollars, dans l’enquête de cette année sur les cent plus grandes banques d’Afrique. Les banques doivent faire face, pour la deuxième année, aux conséquences sociales et économiques de la pandémie de la Covid-19.
Les banques africaines font face à la persistance du choc pandémique. Ce dernier a entraîné des perturbations massives dans les entreprises, la volatilité des prix des matières premières, un changement dans les modes de consommation et la façon dont les gens paient pour les biens et services.
Comment alors les banques africaines ont-elles réagi ? Une réponse rapide dirait que les principales banques africaines ont poursuivi leur trajectoire de croissance positive et qu’elles sont, presque toutes, restées rentables.
Bien sûr, les bénéfices ont fortement chuté par rapport au classement de 2019, en partie en raison des provisions accrues pour risques et prêts non productifs, tandis que les banques et les régulateurs se préparaient à des impacts massifs sur les entreprises et autres emprunteurs de la pandémie.
Avant même la seconde moitié de 2021, de nombreuses économies ont rebondi ou accéléré leur croissance, malgré ça et là une résurgence du virus, synonyme de nouveaux blocages et restrictions. Les consultants de McKinsey affirment que les données de quatre grandes économies – le Kenya, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud –, montrent que «l’impact de la pandémie sur les banques africaines en 2020 a été moins grave que prévu initialement».
En raison du rôle géant que jouent les banques dans les économies et les sociétés, cela « pourrait signaler une reprise plus rapide pour le continent ».
L’économie sud-africaine a été la plus durement touchée, en raison des faiblesses existantes et des blocages stricts à l’échelle nationale. D’autres pays n’ont pas été aussi durement touchés que redouté, soutenus qu’ils étaient par les programmes de soutien du gouvernement, notamment vers le crédit, les programmes de garantie de prêt et les retards de remboursement.
Les banquiers et économistes interrogés par African Business ont évoqué, pour les saluer, les interventions rapides des Banques centrales et des ministères des Finances, qui ont fourni des liquidités et des facilités pour soutenir leurs clients et l’économie réelle.
Le revers de la médaille est que la baisse des taux d’intérêt nationaux, nécessaire pour soulager et stimuler l’investissement, a aussi entraîné une baisse des revenus nets d’intérêts pour de nombreuses banques. Mais dans le même temps, les banques ont connu une augmentation des prêts et des dépôts, certains liés aux programmes de subventions d’allégement soutenus par le gouvernement et mis en œuvre par les banques.
Ainsi, toutes les grandes banques sud-africaines ont-elles mis des milliards de rands en réserves pour faire face aux prêts non productifs ; ceux-ci pourraient être dénoués à mesure que les risques commerciaux reviendront à des niveaux plus normaux.
Les prêts non productifs sont susceptibles d’augmenter en raison des turbulences et de la contraction économique, même si l’incertitude ne semble pas aussi grave que redouté. Les banques nigérianes, par exemple, exposées au secteur pétrolier et gazier, qui a connu une forte baisse de son prix au début de la pandémie, sont couvertes et le prix a depuis rebondi à des niveaux acceptables du point de vue du risque.
Nouvelles opportunités
Le total des totaux des 100 premières banques de cette année montre que le total des fonds propres de catégorie 1 a augmenté de 10,9% à 124,5 milliards de dollars, ce qui représente à son tour une augmentation de 10,5% par rapport au classement de 2019.
Cependant, le bénéfice net total était de 14,4 milliards $, une chute de 31% par rapport aux 20,8 milliards $. La plus grande banque d’Afrique, Standard Bank, a déclaré que la baisse de 43% des bénéfices bruts du groupe au cours de l’année jusqu’en décembre 2020 était « entrainée par une augmentation significative des charges pour dépréciation ».
McKinsey enregistre une baisse de 50 % du rendement moyen des capitaux propres des banques africaines à 7 % en 2020, contre 14 % l’année précédente. Selon le cabinet, le ROE devrait rebondir pour se rapprocher de ses niveaux d’avant la crise, d’ici à trois ans.
En Afrique du Sud, Standard Bank signale que ses clients bancaires de détail et d’entreprise ont reçu un total de 154 milliards de rands (10 milliards de dollars) au titre des aides face à la crise sanitaire. Toutes les grandes banques sud-africaines ont mis en œuvre un programme d’extension de crédit soutenu par le gouvernement pour les PME.
Les banques se sont rapidement adaptées aux nouveaux modes de travail, notamment le travail à domicile, et ont désormais la possibilité de réduire leurs coûts d’exploitation et d’investir avec prudence dans l’informatique. Les réserves ont également augmenté après que les régulateurs bancaires de nombreuses économies ont demandé aux banques de ne pas verser de dividendes, afin qu’elles aient les liquidités nécessaires pour soutenir les clients pendant la pandémie.
Les réserves importantes que de nombreuses banques ont constituées peuvent constituer un arsenal de puissance de feu d’investissement à consacrer à de nouvelles opportunités.
« Après la pandémie, il y aura de vastes opportunités de croissance », estimait le PDG de Standard Bank, Sim Tshabalala, en mars 2021. Le dividende 2020 a été réduit à 2,40 rands, contre 9,94 rands l’année précédente. Sim Tshabalala considérait que les nouvelles opportunités comprennent l’accélération de la numérisation, l’investissement dans des activités non bancaires et l’ajout de nouvelles entreprises.
Au Kenya, Equity Bank a gelé ses dividendes pendant deux ans, ce qui lui a permis de se constituer des réserves. La trésorerie et les équivalents de trésorerie ont augmenté de 154% pour atteindre 219,5 milliards de KSh (2 milliards $) au cours des six mois précédant juin 2021 (le classement est basé sur les résultats annuels de décembre 2020) et les investissements dans la dette publique ont augmenté de 46 % pour atteindre 315,5 milliards de KSh.
Le PDG James Mwangi a déclaré que la banque prévoyait d’utiliser les fonds pour déployer rapidement des prêts, notamment en RD Congo et en Ouganda. La banque a également été en mesure de réduire de 64 % les provisions pour pertes sur prêts et d’augmenter les revenus de prêt.
(Source:Le Magazine de l’Afrique)