Aminata Assome Diatta, ministre du commerce
Les effets de la pandémie Covid 19 ont fini de détériorer la bonne ambiance entre le gouvernement de Macky Sall et les organisations de commerçants depuis avril 2012. Aujourd’hui, il est difficile de concilier les positions dans ce contexte de morosité économique, accentuée par la flambée des prix des denrées.
Les commerçants avaient dès l’accession de Macky Sall au pouvoir, pris l’engagement de maintenir des prix raisonnables sur les denrées de première nécessité. C’était pour permettre au président nouvellement élu, de respecter ses promesses de campagne. Ce dernier avait aussi en retour, nommé et intégré plusieurs responsables du mouvement commerçant dans certaines structures (conseillers, conseil d’administration etc.).
Mais en ce moment, il semble que rien ne va plus entre le gouvernement et les commerçants, ou tout au moins entre le ministre du Commerce et les commerçants. Mme Aminata Assome Diatta n’était pas membre du gouvernement, en 2012, quand l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye trouvait un accord avec les commerçants sur la question du sucre. Aujourd’hui, c’est cette question qui crée la discorde entre les deux parties. En vérité, il s’agit d’une guerre pour le contrôle de l’importation du sucre, et chacun utilise les armes qui sont à sa disposition. L’industriel par une campagne de communication très agressive, essaie de démontrer l’irresponsabilité des commerçants, en montrant que le sucre est disponible. Les commerçants veulent avoir un contrôle total sur l’importation du sucre et le Directeur exécutif de l’Unacois l’a dit : il faut que l’industrie s’occupe de la production et que les commerçants s’occupent de l’importation du sucre. Il est vrai que c’est ce qui devrait être de mise. Chacun s’occupant de son cœur de métier. Cependant, réserver exclusivement l’importation du sucre aux commerçants est risqué pour le gouvernement. L’installation de tensions sur le marché, ou bien de pénuries artificielles peut intervenir à tout moment, avec des commerçants qui gèrent leurs importations, selon les réalités du marché international.
En attendant une autosuffisance en sucre avec une production de l’industriel pouvant satisfaire la demande, il semble plus indiquer de maintenir ce système des quotas dans lequel, l’industriel peut importer de même que les commerçants.
Le Ministre du Commerce est-elle à la hauteur de la tâche ?
Mme Aminata Assome Diatta est un Commissaire aux enquêtes économiques. Elle a donc tous les attributs pour diriger le département du Commerce. Même si certains lui reprochent une certaine inexpérience, Mme Aminata Assome Diatta a été Inspecteur régional du Commerce, Conseiller dans le Cabinet du Premier ministre Aminata Touré et Directrice du commerce extérieur, avant d’être nommée ministre du Commerce. Qu’est-ce-qui explique donc, cette levée de bouclier venant de toute part, décriant son incompétence et demandant son départ. Elle ne fait sans doute pas l’affaire de tous. Sur certaines questions, elle est intraitable confie une source. Cependant, son fort engagement politique peut être un handicap pour diriger un département très technique. Certains Commissaires aux enquêtes économiques pensent même, qu’il faudrait pour préserver la crédibilité du Commerce, l’insérer dans un département comme celui de l’économie. Leur argumentaire ne tient-il pas la route ? En tout cas, lorsque la situation est devenue intenable, il a fallu l’intervention de celui qui tient les cordons de la bourse, pour décanter un tant soit peu la situation, le puisant ministre des Finances. Cela démontre bien que, malgré toute l’importance qu’a le commerce, le département dirigé par Mme Aminata Assome Diatta n’a pas les moyens pour assurer correctement la régulation de ce secteur stratégique pour l’économie nationale.
Le flou total sur la fonction de commerçant
Il y a un manque d’organisation dans le commerce, selon Cheikh Gueye, ancien Secrétaire général de l’Unacois yessal. C’est ce qui explique, selon lui, tout ce désordre qui constitue un terreau fertile à toutes les manœuvres et combines. Pour lui, il faut redéfinir le statut du commerçant, pour pouvoir mieux contrôler le milieu. C’est le rôle des Chambres de Commerce nous a-t-il déclaré, notamment celle de Dakar. Pour lui, la Chambre de Commerce doit prendre ses responsabilités et jouer pleinement son rôle. Malheureusement nous confie-t-il, l’Institution Consulaire de Dakar est sous le contrôle, d’organisations patronales qui ne jouent pas le jeu et ne défendent pas, comme il faut les intérêts du secteur privé. C’est pourquoi, il réclame une plus grande considération pour cette institution fondamentale pour le contrôle et le développement du commerce dans la région de Dakar. La situation de désordre qui s’est installée dans le milieu, où tout le monde est commerçant, « on ouvre des boutiques un peu partout, sans être inscrit à la Chambre de Commerce doit cesser ». C’est ce qui aggrave, selon Cheikh Gueye, ces situations de tension sur le marché, entretenues par des personnes qui n’ont rien à voir avec le métier de commerçant.