Ils sont six pays de l’Afrique de l’Ouest à bénéficier de l’enveloppe financière consentie par la Banque Mondiale (BM), pour mettre en œuvre les réformes sectorielles nécessaires pour créer avec succès un marché régional de l’électricité.
Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Libéria, le Mali et la Sierra Leone, sont les bénéficiaires du Programme de financement à l’appui des politiques de développement pour le commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest. D’après le communiqué de la BM, ce programme a pour objectif de lever les obstacles aux échanges d’électricité, avec à la clé des tarifs plus bas pour les consommateurs, une compétitivité accrue pour les entreprises et un approvisionnement plus résilient et fiable. En effet, il est établi que seulement 50 % de la population en Afrique de l’Ouest a accès à l’électricité, qui plus est à un coût parmi les plus élevés du monde, et notamment deux fois supérieur au prix observé globalement en Afrique de l’Est. En outre, en raison des dysfonctionnements des réseaux, les services d’électricité sont loin d’être fiables, avec des coupures qui atteignent en moyenne 44 heures par mois, renseigne la BM.
S’exprimant sur le projet, Ousmane Diagana, vice-président de la BM pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, déclare que « L’Afrique de l’Ouest possède un immense potentiel dans la production d’énergie propre et verte, dont les pays peuvent tirer parti, en s’unissant, pour fournir à leurs habitants une électricité meilleur marché et favoriser la création d’emplois ». Il estime en outre, que « le système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain a posé un jalon essentiel en reliant les réseaux nationaux, et le temps est venu à présent de concrétiser tous les atouts du marché régional de l’électricité ». Selon lui, la mise en place « de politiques coordonnées, conjuguées à des institutions efficaces et des cadres réglementaires adaptés, permettra d’améliorer
la confiance dans le fonctionnement du commerce d’électricité en Afrique de l’Ouest et d’accéder à une ère nouvelle placée sous le signe d’une énergie fiable et abordable ». Pour sa part, Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO, indique que « ce programme jouera un rôle fondamental pour la réalisation de notre objectif de marché régional de l’énergie, et je tiens à remercier la Banque mondiale pour son soutien ». Il ajoute que le système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain va continuer à progresser et s’attacher, grâce à ce soutien, à aider ses pays membres à collaborer et coordonner les réformes nécessaires pour développer le commerce régional de l’électricité et avoir ainsi accès à un approvisionnement plus abordable et plus fiable. D’après Jean-Claude Kassi, « l’optimisation des ressources énergétiques de la région permettra de mettre en place des systèmes électriques efficaces et résilients qui permettront à leur tour de rendre nos économies plus productives et inclusives. La CEDEAO continuera à être un partenaire solide en vue de la réalisation de cet objectif ».
Le programme de la BM circonscrit autour de trois axes
La nouvelle opération soutient un programme régional de réforme de l’énergie qui s’articule autour de trois axes, informe le communiqué de la BM. Le premier axe a pour objectif de renforcer la confiance dans la bonne application des accords commerciaux en appuyant la sécurisation des paiements des échanges d’énergie. Le deuxième axe soutient la mise en œuvre de décisions d’investissement au coût le plus bas, privilégiant des solutions régionales et promouvant la concurrence. Enfin, le troisième axe vise à renforcer la transparence en traitant la question de la solvabilité des compagnies d’électricité nationales et en garantissant l’information du marché sur les grandes décisions d’investissement qui ont une incidence sur l’offre et la demande, résume la BM.
Par ailleurs, il faut souligner que le Programme de financement à l’appui des politiques de développement pour le commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest est le premier financement de ce type à recourir au guichet régional de l’IDA. Ce dispositif permet à la BM de soutenir des réformes qui visent à atteindre un objectif commun à plusieurs pays de manière coordonnée, explique le
communiqué de ladite institution. Le programme constitue une étape décisive dans le processus d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest en apportant son soutien à l’application de la directive de la CEDEAO sur la sécurisation des échanges transfrontaliers d’énergie électrique en Afrique de l’Ouest, adoptée en décembre 2018 dans le but de créer un marché régional de l’électricité. Les retombées économiques de ce marché sont évaluées à 665 millions de dollars par an pour l’ensemble des pays concernés, avec une réduction d’un tiers du coût moyen de la production d’électricité dans la région, décrit la BM.
Moustapha Dia