Le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Mme Nevine Gamea, à la tête d’une délégation composée d’hommes d’affaires effectue une visite, au Sénégal, du 8 au 9 juillet 2021. Pour la première journée de cette visite, Mme Gaméa a pris part, avec le ministre du Commerce du Sénégal, Mme Aminata Assome Diatta, à la signature d’un protocole d’accord, entre la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD) et l’Association des exportateurs égyptiens, pour la mise en place d’un Conseil d’affaires égypto-sénégalais.
Avant la signature de cet accord, les deux ministres ont participé à une cérémonie organisée par le groupe CBAO Attijariwafa Bank, dans le cadre de son « club Afrique développement ». Un espace de mise en relation des hommes d’affaires africains, d’intégration économique et de promotion d’une « Afrique prospère et moderne ». L’occasion a été mise à profit par les deux autorités politiques pour jeter les bases de ce qui devraient être les nouvelles relations de coopération entre l’Egypte et le Sénégal, après la visite que le président égyptien, son Excellence Mohamed Fatah Al Sissi a effectué à Dakar, au mois d’avril 2019.
Pour Mme Nevine Gamea, les deux gouvernements devront créer les conditions nécessaires pour ce renouveau dans les relations économiques et commerciales entre les deux Etats, en balisant la voie. Pour cela, elle a proposé un examen des obstacles qui entravent le développement des échanges entre les deux pays. Nevine Gamea a aussi prôné un renforcement des efforts pour l’intégration économique. Elle considère que le Conseil des affaires Egypto-sénégalais sera le plus important, parmi les canaux qui permettront d’atteindre les objectifs d’intégration. En dépit du fait que l’Egypte perçoit, le Sénégal comme un hub et donc une porte d’entrée, vers l’Afrique de l’Ouest, avec son plan de développement le PSE, que Mme Gamea considère comme un plan ambitieux, il n’en estime pas moins que le Sénégal et l’Egypte doivent entretenir des relations d’intégration et de complémentarité, à en croie le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie. C’est pourquoi d’ailleurs, dans son allocution, Aminata Assome Diatta, le ministre du Commerce du Sénégal fera remarquer que la balance commerciale du Sénégal est déficitaire dans ses relations avec l’Egypte. En chiffres, elle a déclaré que L’Egypte était le 34ème fournisseur du Sénégal et son 75ème client. Les statistiques qu’elle a données par la suite le démontrent amplement. En effet, selon Aminata Assome Diatta, en 2020, dans ses échanges commerciaux avec l’Egypte, les importations du Sénégal ont atteint les 19 milliards de F CFA contre 454 millions pour les exportations sénégalaises vers le pays des pharaons. Ainsi, d’après le ministre du Commerce du Sénégal, cette situation ne reflète pas les ambitions des deux Etats. A cet effet, elle a plaidé pour un renouveau dans les relations entre les deux secteurs privés. Ce renouveau pourra à l’en croire jeter les bases d’une relation commerciale approfondie. Car, la concrétisation viendra selon, Mme Aminata Assome Diatta des secteurs privés, malgré tous les efforts des gouvernements pour la mise en place du cadre.
Croire à la volonté économique
Pape Ibrahima Diagne, Vice-président de la CCIAD et co-président du Conseil d’affaires sénégalais a rencontré avec certains membres du bureau de la CCIAD, son homologue égyptien Khaled El Mikati, lequel avait aussi convié quelques hommes d’affaires égyptiens, à la rencontre. Ces derniers ont exposé à leurs homologues sénégalais leurs projets pour le Sénégal. On peut retenir trois secteurs dans lesquels, les hommes d’affaires égyptiens comptent investir. Il s’agit selon le président El Mikati, du secteur de la santé avec des projets d’installation d’usines de fabrication de médicaments, du secteur agricole et de l’électroménager. M. Mikati a ajouté la possibilité de développer les activités touristiques entre les deux pays, surtout le tourisme médical et faciliter cela, par la mise en place d’une ligne aérienne entre Dakar et le Caire.
En dehors de ces secteurs clés pour les hommes d’affaires égyptiens, ils ont aussi proposé des projets sur l’impression de livres scolaires, sur le cuir, et les possibilités d’installation d’usine de fabrication de chaussures au Sénégal, afin de freiner l’importation de chaussures made in china et promouvoir l’installation d’usines de fabrication de chaussures au Sénégal. En réaction à ses opportunités d’affaires proposées par le camp égyptien, le président Babacar Ndiaye de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), après avoir signifié à la délégation égyptienne que les secteurs qui les intéressent sont très peu par rapport à tout ce que le Sénégal présente en termes d’opportunités, il les a invités à d’abord s’investir dans le commerce avant d’embrayer dans l’activité industrielle. Pour lui, c’est la meilleure façon de pénétrer le Sénégal. Quant à la patronne de la société ‘’Oumou informatique’’, elle a souhaité avoir des partenariats en joint-venture pour mettre en place au Sénégal une unité d’assemblage d’équipements informatiques.
Pape Ibrahima Diagne après avoir indiqué aux égyptiens qu’il y avait une nouvelle loi sur le partenariat public-privé, laquelle loi pourrait bien les aider, a invité les entreprises égyptiennes à venir se formaliser et à compétir au Sénégal. Il s’est également engagé à porter le plaidoyer de la cause du Conseil des affaires égypto-sénégalais au Sénégal auprès des autorités sénégalaises. Il a demandé à son homologue d’en faire de même auprès du parlement égyptien. Le vice-président de la CCIAD a affirmé avant de clôturer la rencontre qu’en plus de la volonté politique, il faut d’abord croire à la volonté économique. Une position très appréciée par la partie égyptienne.